A review by lessidisa
Le temps des amours: souvenirs d'enfance by Marcel Pagnol

5.0

J'ai préféré ce dernier tome car il est découpé en différentes anecdotes alors que les tomes précédents étaient focalisés sur une histoire principale, que je trouvais parfois longuette. De plus il n'y a pas de préface mais une postface merci Seigneur. 

On découvre qu'il a pour camarade de classe Albert Cohen, auteur de Belle du Seigneur et qu'ils sont restés amis pour la vie. J'étais morte de rire avec la mère et la tante de Lagneau qui falsifient tous les documents qui arrivent de l'école pour que le père ne batte pas Lagneau fils. Les autres histoires étaient très bien aussi, d'ailleurs j'ai mieux aimé le récit présent dans ce livre qui parle de la peste de Marseille en 1720, que la peste de Camus. Et il mentionne même Don Quichotte.


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« Alors, je pensais au sacrifice de Lagneau, qui avait fait pour moi la consigne du pendu, et je pris une décision héroïque.
- Écoutez, madame, moi j'ai une idée ! 
La tante hoquetante ouvrit ses yeux immenses :
- Quelle idée ? Irène, il a une idée. Quelle idée ?
- Si vous voulez, moi je vais lui dire, à M. Lagneau, que c'est moi qui ai lancé la boule puante ... Et puis je lui expliquerai que je suis boursier et que, s'il va voir le censeur, moi, on m'enlèvera ma bourse, et que mon père est instituteur, et que peut-être il en mourrait ! 
- Vous feriez ça ? dit la mère angoissée.
Je devins héroïque.
- Oui, je le ferai tout de suite. 
La tante me regarda de ses yeux de folles. Elle poussa une sorte de gémissement et elle dit :
- C'est Dieu qui envoie cet enfant ! »

« Comme il nous regardait fixement, Yves plongea son nez dans son mouchoir et baissa la tête, pour cacher son visage d'externe. Ces habiles précautions étaient d'ailleurs inutiles, car Poil d'Azur n'eût pas remarqué, dans nos rangs, la présence d'un cerf, ou d'un colonel en grande tenue. Il préparait -depuis plusieurs années - une licence de mathématiques, et ses yeux n'enregistraient plus le réel  : leur regard était tourné vers la fourmilière de chiffres qui grouillait dans les galeries de sa cervelle dévastée. »