A review by riduidel
Deus Ex by Norman Spinrad

4.0

La question de l’âme est toujours d’actualité, peut-être même encore plus à l’heure où la numérisation du cerveau humain n’est plus un rêve, mais un possible lointain. Ce livre explore l’une des facettes du problème de l’âme éternelle : peut-elle être changée de support de la glaise au silicium sans pertes ? En clair, un humain numérisé conserve-t-il son âme. C’est une question troublante, et pour y répondre, [author:Spinrad] nous place au bon endroit, et au bon moment.
L’endroit, c’est le milieu de la mer, sans aucune autre tentation que celle de la réflexion, et de l’introspection.
Le moment, c’est la fin du monde. Pas une fin du monde avec météorites et tout le tintouin, une où aucune chance n’est laissée. Non, juste une mort par inanition, par engorgement et destruction de la biosphère. Un truc bien lent, une espèce de cancer de la terre, où plus rien ne poussse sur la terre ni dans la mer, et où l’humanité des derniers jours s’interroge sur la capacité de l’âme à survivre dans une enveloppe informatique.
Si la question est intéressante, la réponse ne l’est pas moins, et on suivra avec beaucoup d’intérêt l’enquête menée conjointement par un vieux prêtre numérisé, et par une espèce de pseudo hacker-chaman, qui va aller le chercher dans les profondeurs du cyberespace, afin de lui poser cette terrible question : "esprit, as-tu une âme ?". Malheureusement, si la question est proprement fascinante, l’auteur y répond, à mon sens, par une pirouette digne du pari de Pascal (auquel sont faites de nombreuses références) qui renvoie chacun devant son miroir.
Mis à part cette fin, un peu décevante, on est quand même en présence d’un livre fascinant, pas par la qualité de l’écriture, correcte mais pas fabuleuse, mais par la complexité et la richesse du propos. Car si la sf nous habitue à sauver l’univers, ce n’est pas le cas ici, et ce qui est en danger, c’est l’âme des clones numériques, une question qui est actuellement posée, et pour laquelle les réponses sont aussi nombreuses que variées.