A review by alexandre_rl
2666 by Roberto Bolaño

4.0

Après deux mois de lecture, j'ai finalement terminé les 1345 pages qui composent "2666" de Roberto Bolaño. Par moments j'ai pensé à l'abandonner, je me suis découragé, j'ai trouvé que ça ne menait à rien... Mais quelque chose m'a toujours fait continuer, une sorte de souffle dans l'écriture qui l'empêche d'être pénible, même quand la recherche de sens n'est pas fructueuse.

Pour la petite histoire, le défunt Bolaño avait donné comme instruction de publier les cinq parties de "2666" indépendamment, mais sa succession a jugé de bon de passer outre ses directives et de faire paraître un unique pavé. Les cinq sections du roman peuvent en effet être lues seules. Les références sont présentes mais minimales. Ceci dit, l'oeuvre est conçue comme un tout et le réel plaisir provient des subtils échos entre les différents récits.

"2666", malgré sa structure expérimentale, n'est pas un livre difficile. Chaque section raconte sa propre histoire dans un style clair et accessible. Là où ça se complique, c'est dans la propension de Bolaño à se lancer dans de longues, très longues digressions à des moments peu opportuns. Par exemple: vous commencez à accrocher sur le récit d'un personnage. Ce personnage en rencontre un autre et paf, Bolaño se lance dans l'histoire de ce nouvel individu sur 150 pages avant de revenir à la trame principale. Au départ ça va, mais rendu à la page 800, on commence à s'impatienter.

Les cinq sections étant très différentes, à peu près tout le monde y trouvera son compte à un moment ou un autre... mais peu de gens seront enthousiastes tout le long. J'ai trouvé certains passages tout simplement géniaux, alors que d'autres me donnaient l'envie de les sauter tout simplement (envie à laquelle j'ai résisté mais de peine et de misère). Il faut également savoir qu'aucune des sections n'est fermée. Cinq histoires, cinq fins ouvertes. Certaines personnes trouveront cela terriblement frustrant.

La meilleure façon de lire "2666" est sans doute de se laisser porter. Se permettre d'être parfois concentré, parfois distrait, sans chercher à faire une première lecture trop intellectuelle et analytique. C'est le genre de livre qui peut être apprécié sur tous les plans et c'est ce qui en fait la richesse. Il peut être lu à coups de 10 minutes dans le métro ou décortiqué dans un cours de 45 heures. Il est peut-être plus facile de l'aborder comme cinq petits romans, comme on combat l'hydre une tête à la fois.