A review by plume_nocturne
Le Bel Inconnu by Michele Perret, Isabelle Weill, Renaut de Beaujeu

adventurous medium-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? No
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? No
  • Flaws of characters a main focus? Yes

5.0

 Ce que j’ai beaucoup remarqué (et apprécié) dans la lecture du Bel Inconnu, ce sont les références intertextuelles.Les personnages arthuriens classiques sont présents en bonne majorité.Je me demande si le Bel Inconnu a aussi une présence dans les romans ultérieurs arthuriens, ou s’il n’est que présent dans son roman éponyme.Plus loin, on rencontre même l’Orgueilleux de la Lande, un personnage de Chrétien de Troyes.Par contre, rien ne supplantera l’époque finale avec le grand tournoi.C’est intéressant de voir Le Bel Inconnu se battre contre la cour d’Arthur, mais cela me fait penser à d’autres combats chevalier contre chevalier d’une même cour (comme dans Yvain).La mention de Tristan, envoyé par Yseut dans le tournoi, me pose des questions sur la temporalité interne de l’œuvre, et des romans chevaleresque en général.Puisque plusieurs chevaliers s’y rejoignent, ya-t-il un sourcil de respecter leurs présences conformément à un moment particulier de l’œuvre dont ils font partie ?Ou d’au moins honorer la narrative des autres œuvres ?Où est-ce que le principal intérêt d’avoir autant de personnages si importants dans la culture courtoise est plutôt pour soutenir la véracité fictionnelle du texte ?De telles questions m’ont interpellée pendant la lecture et ont commencé lors de la mention de la présence de Tristan, qui aurait été envoyé par Yseut.Une interrogation m’a frappé lors de ma lecture.Alors que le tournoi est annoncé, le Roi Arthur envoie des messagers partout à travers « l’enpire » (v.5313).Je me demande si ce n’est qu’un choix de mot pour évoquer la grandeur de son royaume ou une référence à un Empire arthurien ?Dans la portion des Premières aventures, le GuéPérilleux m’a fait penser au Château de Pesme Aventure dans Yvain, ou au château du Roi Pêcheur dans Perceval, et ce à cause de la rivière traversée et à cause du défi qui s’installait.Ou alors, le combat pour l’épervier qui ressemble beaucoup à la Joie de la Cour dans Érec et Énide.J’imagine que ces motifs sont récurrents dans plusieurs romans arthuriens.Dans les combats contre les trois chevaliers, j’ai trouvé intéressante la notion de ce qui m’a semblé comme une vengeance chevaleresque, lorsque Blioblïeris envoie trois chevaliers vers le Bel Inconnu.Aussi, l’épisode du Bel Inconnu contre les deux géants m’a beaucoup fait penser au roman The Hobbit de Tolkien.Décidément, ce philologue connaissait bien ses sources médiévales.À travers le roman j’ai remarqué une bonne présence de proverbes divers qui, à certains moments, ont presque l’impression de diriger l’intrigue.Rien de tel que les envolées du narrateur, qui m’ont bien plus et que je trouvais particulièrement intéressant également.La fin est un coup de cœur pour moi ; la brillante conclusion rend Renaud de Beaujeu fidèle à son nom.J’apprécie les jeux du narrateur, que ce soit les portions analysées en classes ou les plus petites interventions, et qui fait du roman son véritable terrain de jeu.Ici, je me demande si nous faisons affaire à un narrateur non fiable, puisque son récit s’arrête lorsqu’il n’obtient pas ce qu’il désire.Les maintes descriptions de combats, avec des références à l’oralité du récit, m’ont beaucoup plu.Le narrateur, durant certaines scènes de bataille, prend vraiment une importance de conteur, presque, et nous pouvons imaginer à notre tour le son des armes, mais aussi des jongleurs qui ont récité ses histoires.La magie et la sorcellerie comme un autre art libéral m’ont interpellé lors de ma lecture.Les interventions magiques de Blonde Esmerée dans ses nombreux sortilèges et leur impact sur le déroulement du récit m’ont amusée.La magie ici est expliquée et parlée comme une science, et elle n’est pas remise en question, ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant.En bref, le Bel Inconnu a été pour moi une lecture intéressante et une découvertelittéraire.J’ai certainement apprécié le jeu du narrateur et du texte, ainsi que l’intertextualité et les motifs de la littérature chevaleresque utilisés d’une façon très intéressante.Décidément, c’était une très agréable lecture, fort enrichissante.