A review by alexandre_rl
Coulez mes larmes, dit le policier by Philip K. Dick

4.0

Mon deuxième Philip K. Dick et un second coup de cœur. Je ne suis pas grand lecteur de science-fiction; je trouve les bons romans rares dans ce genre qui abonde de clichés. Ceci dit, j’avoue parler un peu à travers mon chapeau puisque j’en ai lu si peu. L’œuvre de Philip K. Dick est connue même de ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui. Nombre d’adaptations cinématographiques de ses romans ont obtenu un immense succès populaire : Blade Runner, Total Recall, Minority Report, A Scanner Darkly et plus récemment l’adaptation télévisuelle de Man in the High Castle.

Dick fait partie de ces auteurs de « paralittérature » qui transcendent la niche de leur genre et rejoignent des lecteurs de tous les horizons. Dans « Coulez mes larmes, dit le policier », un animateur de télé/chanteur de charme ultra-connu du nom de Jason Taverner se réveille un matin dans un monde où personne ne se rappelle de lui, un monde qui ne contient même aucune trace de sa naissance, dans un état policier où l’absence de papiers peut vous mener directement en camp de travail.

L’amorce du récit n’est pas particulièrement originale. Ce qui fait la force du roman, ce sont les personnages de Dick, la façon avec laquelle il décrit leurs rapports avec la structure sociale oppressante, leurs névroses décuplées par l’abondance de possibilités dans un monde futuriste où de puissantes drogues peuvent vous ouvrir des portes entre les dimensions, des plaisirs sensoriels qui grillent votre cerveau de façon irrécupérable, parfois jusqu’à la mort. L’histoire se développe rapidement, sans aucun temps mort, dans une économie narrative qui frôle parfois le résumé. Beaucoup de bonnes idées, d’images fortes et de personnages d’une étonnante profondeur. Court, efficace et mémorable.