A review by spacestationtrustfund
Les Misérables by Victor Hugo

5.0

Faut-il continuer de lever les yeux vers le ciel ? le point lumineux qu’on y distingue est-il de ceux qui s'éteignent ? L’idéal est effrayant à voir ainsi perdu dans les profondeurs, petit, isolé, imperceptible, brillant, mais entouré de toutes ces grandes menaces noires monstrueusement amoncelées autour de lui ; pourtant pas plus en danger qu’une étoile dans les gueules des nuages.
Comment puis-je décrire ce livre ? Il a transformé ma vie. Pour la santé ne veuillez pas lire en traduction.

La première fois que j'ai lu ce roman était pour le lycée, si je me souviens bien, quand je n'avais que 14 ans. Bien sûr, j'avais déjà entendu parler du roman ; j'avais même lu des poèmes de Victor Hugo et autres, parce que je ne pense pas qu'il soit permis d'être français, si on ne lit pas Victor Hugo, à un moment de la jeunesse. Mais de toute façon, je connaissais déjà l'histoire. En fait, la première fois que j'ai lu une partie du roman, c'était dans un recueil d'histoires célèbres. J'ai lu un extrait très abrégé des chapitres où Jean Valjean vole l'argent à l'évêque. Et donc, quand j'ai lu le roman pour la première fois, j'ai pensé qu'Hugo avait plagié le livre de contes !

L'histoire écrite dans ce roman a complètement et complètement transformé ma vie. Il n'y aura jamais de mots pour exprimer à quel point ce livre a eu un impact sur ma vie et mes expériences. S'il y a un livre que chaque personne devrait lire à un moment donné de la vie, ce serait celui-ci : le roman couvre tous les aspects possibles de la société humaine, de l'injustice du système carcéral aux mauvais traitements infligés aux incarcérés (comme l'a dit Dostoïevski, la qualité de l'avancement d'une société peut être jugée en entrant dans ses prisons); à les conditions horribles dans lesquelles les mères célibataires doivent endurer, y compris le recours souvent nécessaire à la prostitution ou, comme dans le cas de Fantine, vendre littéralement des morceaux de soi (cheveux, dents) pour survivre et subvenir aux besoins de son enfant ; à l'extrême pauvreté vécue par une majorité de la classe ouvrière ; à le manque de pensions ou de fonds de retraite pour les personnes âgées ; à les résultats d'une mauvaise éducation, ou pas d'éducation entièrement ; à le viol et la culture du viol ; à la misogynie rampante dans toutes les facettes de la société ; à l'injustice perpétuée par le 1% contre la classe ouvrière, et la nécessité pour le peuple de se soulever pour protester contre cette exploitation ; à la brutalité policière ; à la corruption policière; à la mauvaise gestion par la police d'informations sensibles.

Tout dans ce roman est pertinent et important. Comme l'homme Hugo lui-même nous a dit dans la préface :
Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.