A review by okenwillow
Mauvaise étoile by R.J. Ellory

5.0

Déjà conquise par les précédents romans d’Ellory, sa réputation de sale bonhomme ne m’a pas coupé l’envie de le lire. Certes, je le boycotte lors de salons et de dédicaces, mais je n’arrêterai pas de le lire sous prétexte que c’est un scientologue et qu’il a craché anonymement sur ses collègues. C’est vilain et c’est pas beau, mais cela ne remet pas en cause son talent d’écrivain.

Je suis encore sous le choc de ce roman aussi intense que noir. Il va m’être difficile de parler de ce livre sans trop en dévoiler, mais essayons ! Clay et Elliott sont demi-frères, orphelins, ils vivent dans une maison de correction qui les incite à croire qu’ils sont destinés à en baver. Ils n’ont pas tort. Elliott est l’aîné, bagarreur, il protège son petit frère Clay, plus doux et réfléchi. Deux caractères bien différents, qui vont réagir différemment à la prise d’otage dont ils vont être victimes. Brutalement lâchés dans la nature, les deux frères vont d’abord se soumettre aux directives d’Earl Sheridan, un dangereux meurtrier qui n’a plus rien à perdre. Très vite, Clay et Elliott vont se faire leur propre idée de la situation. Lorsque la cavale dégénère en chevauchée sauvage et bains de sang, la police et le FBI n’ont qu’un seul mot d’ordre : abattre le suspect à vue. À partir d’une presque banale histoire de cavale sanguinaire, Ellory réussit l’exploit de créer un suspens comme j’en ai rarement vu, car il est rare, très rare qu’un suspens m’hypnotise à ce point. Ellory a choisi d’évoquer la dualité entre deux frères apparemment soudés par une enfance assez noire, jusqu’au jour où leur chemin croise celui d’un condamné à mort porté sur la violence gratuite.

Tout au long du livre on se met dans l’état d’esprit des protagonistes : il ne peut y avoir de fin heureuse, la fatalité semble être le personnage principal du roman. Le dénouement ne fait pas beaucoup de doute pendant au moins les trois quarts du livre, et on se prend à espérer autre chose, car l’auteur, après nous avoir bien miné le moral, fait en sorte que le lecteur comme à reprendre espoir. Il excelle dans l’évocation des personnages, les deux frères prennent vie sous nos yeux. Mais le plus frappant reste le traitement que l’auteur fait des victimes. Par définition, ces personnages ne font que de brèves apparitions, mais Ellory s’évertue à nous les décrire, à leur inventer un passé, un caractère précis, il leur donne assez d’épaisseur pour que l’on frémisse encore plus à leur trépas. Faire des victimes des personnages aussi réalistes contribue à accentuer l’horreur des actes commis, déjà bien sanglants et particulièrement violents. Une touche de subtilité qui fait la différence entre Mauvaise étoile et une banale histoire de cavale.