A review by alexandre_rl
Outremonde by Don DeLillo

2.0

Je ne sais pas trop par où commencer. J'ai lu tellement de critiques élogieuses de ce roman, je l'ai vu sur tellement de listes des meilleurs romans du siècle, meilleurs romans américains, "Great American Novel", etc., que je suis surpris de l'avoir aussi profondément détesté. Je suis habitué de lire de longs livres pas toujours évidents, de faire de la recherche sur mes lectures, de ramer pour arriver jusqu'au bout, bref je me considère comme un lecteur difficile à vaincre mais Don DeLillo n'avait pas dit son dernier mot. Avec cette oeuvre d'un ennui mortel et d'une prétention désespérée, il a réussi à me donner l'envie d'arracher les pages pour les brûler dans le foyer.

On dit que ce roman est un sommet d'écriture pour DeLillo, qu'il n'a jamais autant maîtrisé la phrase, la narration, et on a même osé dire que c'était un "page turner". Un "page turner" peut-être, si l'on entend par là qu'on tourne les pages sans lire le texte pour se dépêcher d'arriver à la fin. Et son style, euh... disons qu'il faut aimer les adjectifs, parce que rare sont les noms qui n'en sont pas accompagnés. Un style tellement ampoulé que Marcel Proust aurait lui-même laissé tomber le livre à ses pieds en s'exclamant "Ah bin là tu pousses un peu quand même!"

"Outremonde", c'est le roman dit post-moderne poussé à son paroxysme au point d'en devenir la caricature. Les personnages sont tellement, mais tellement inintéressants qu'on leur souhaite du mal. Et pire encore, ils parlent tous pareil. Tous les personnages ont le même registre de langue, la même façon de s'exprimer, le même ton, ce qui rend les dialogues d'une platitude cauchemardesque.C'est comme écouter deux robots essayer de sonner comme des humains. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis dit "Ah non, il va encore se mettre à discourir!"

Pendant près de 900 pages, DeLillo se regarde écrire en se flattant le menton avec un sourire suffisant et en se disant "Maudit que je suis beau et que je suis bon. Je parle de la Guerre Froide, de baseball et de J. Edgar Hoover en plus, donc je touche à des sujets vraiment américains. Je suis en train d'écrire un chef-d'oeuvre." C'est vraiment l'impression qu'on a en lisant "Outremonde". Celle d'un écrivain qui est tellement convaincu de l'intelligence de ses artifices littéraires qu'il oublie de construire des personnages et de raconter une histoire.

Idéal si les somnifères ne font pas effet.