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famyca 's review for:

The Hour of the Star by Clarice Lispector
4.0

À l'exception d'un roman de Paulo Coelho lu davantage pour lire quelque chose que par réel intérêt, est-ce que A hora da estrela est le premier roman brésilien que j'ai lu de mavie? J'en suis pas certain, mais je pense que oui. C'est un peu honteux, je trouve.

A hora da estrela est dur à décrire. C'est le récit d'un auteur qui raconte, et ça semble lui faire très mal de le faire, l'histoire d'une femme brésilienne pauvre et pathétique, qui ne se rend pas compte d'à quel point sa vie est mauvaise. D'abord, je ressentais vraiment l'impression qu'on ne voulait pas que je lise ce roman (contrairement aux A Series of Unfortunate Events et autres romans du genre qui font mine de ne pas vouloir être lus pour des raisons comiques). Aussi, il y avait quelque chose de bizarre à lire une histoire vraisemblablement inventée par son personnage principal et à se demander si cette histoire en vaut la peine, puisqu'elle est inventée. Toutes les histoires de fiction sont pourtant inventées, pourquoi une histoire inventée par un personnage inventée en vaudrait-elle moins la peine? Puis qui est le personnage principal, de toute façon? Trois phrases plus tôt, j'ai eu le réflexe de qualifier ainsi l'auteur fictif, puisque c'est le seul personnage qui est « réel » (même s'il ne l'est pas), mais le personnage dont on suit les péripéties et qu'on voit constamment décrit est pourtant celui de Macabéa.

Bref, pour sa structure, pour la manière dont il est écrit et présenté, A hora da estrela est toute une expérience littéraire. Elle écrit avec un style qui se fout volontairement de certaines règles de grammaires ou de syntaxes, mais le sens de ses phrases reste toujours, sans exception aucune, absolument claire. C'est un talent magistral qui donne des phrases comme celle-ci:

« Meanwhile the clouds are white and the sky is all blue. Why so much God. Why not a little for men. »
(J'ai lu une traduction récente en anglais, la lecture en portugais n'aurait probablement pas été impossible, mais elle aurait été très laborieuse et aurait nécessité que j'aie mon ordinateur à portée de main pour chercher plusieurs mots.)
Et je n'ai jamais lu une aussi belle dédicace que celle dans A hora da estrela. Sans blague, j'ai dû lire la page et demie de dédicace au moins une dizaine de fois. Une dédicace faite par Clarice Lispector à « old Schumann and his sweet Clara who today alas are bones », à « the very crimson color scarlet like my blood of a man in his prime and so I dedicate it to my blood. » Une dédicace à une époque plus sobre et digne où elle « had never eaten lobster. ». À « the electric generation ». Une dédicace qui se termine par les phrases suivantes:
« And — and don’t forget that the structure of the atom cannot be seen but is nonetheless known. I know about lots of things I’ve never seen. And so do you. You can’t show proof of the truest thing of all, all you can do is believe. Weep and believe.
This story takes place during a state of emergency and a public calamity. It's an unfinished book because it’s still waiting for an answer. An answer I hope someone in the world can give me. You? It’s a story in Technicolor to add a little luxury which, by God, I need too. Amen for all of us.
»

A hora da estrela n'a pas été ma lecture préférée, mais Clarice Lispector est un génie.