A review by alexandre_rl
Quand Nous Etions Orphelins by Kazuo Ishiguro

4.0

On ne peut pas reprocher à Kazuo Ishiguro de se répéter. "Quand nous étions orphelins" est très différent des deux romans qui l'ont précédé, "Les vestiges du jour" et "L'inconsolé". En surface, Ishiguro s'essaie ici au roman policier. C'est du moins ce que l'amorce du récit veut nous laisser croire. Christopher Banks, détective londonien réputé, se promet de résoudre la disparition mystérieuse de ses parents dans la Concession internationale de Shanghai au début des années 1900. Mais son retour en sol chinois après de nombreuses années de recherches et d'enquête ne se passe pas comme prévu. Christopher se heurte aux fantômes de son passé et voit ses convictions s’effriter une à une.

La plume d'Ishiguro est toujours on ne peut plus britannique, toute en retenue. Les personnages sont flegmatiques, presque froids. Les émotions sont réprimées, même lors des moments les plus tragiques. Certains lecteurs trouveront peut-être cette distance agaçante, surtout s'il s'agit de leur première rencontre avec l'auteur. Néanmoins, le récit prend rapidement une tournure captivante, au fur et à mesure que l'oignon s'épluche et que les couches successives révèlent toute la tristesse de la vérité. Ishiguro construit son récit à sa manière, loin des archétypes du genre policier; lentement, par fragments, sans que l'on puisse tout saisir. "Quand nous étions orphelins" n'est sans doute pas son roman le plus percutant, mais il s'agit sans contredit d'une œuvre d'art à part entière.