A review by ernestleberbe
La loi des mâles by Maurice Druon

5.0

La saga revient enfin à ses hauteurs passées, en grande partie grâce au sacrifice du tome précédent qui sert surtout de prélude à celui-ci et s'arrête juste quand il devient vraiment intéressant, c'est-à-dire à la mort de Louis X le Hutin.

La Loi des Mâles démarre sur les chapeaux de roues et n'en sort pas tout du long, ce qui est aidé par la longueur plutôt courte de l'opus. Il s'ouvre sur le conclave littéralement emmuré par Philippe dans une église à Lyon et sur les manigances du cardinal Duèze, qui se prétend mourant et neutre, ce qui le fait élire par les cardinaux pour se libérer de leur prison pensant qu'il rendrait l'âme sous peu, alors que Duèze devenu Jean XXII aurait le plus long règne des papes d'Avignon.

On suit également la course entre Philippe, frère de Louis X, et Charles de Valois, leur oncle et frère de Philippe le Bel, ainsi que d'autres aux prétentions plus lointaines comme le Duc de Bourgogne, pour devenir régent du Royaume, en attendant que Clémence, épouse de Louis X, accouche pour que l'on sache si la descendance du roi précédent sera garçon ou fille. Il y a aussi les manigances (de Philippe surtout) pour argumenter qu'une femme ne puisse prendre le trône pour empêcher les revendications de Jeanne, la première fille de Louis X, au cas où Clémence enfanterait une autre fille - Jeanne qui est accusée d'être une bâtarde sans qu'on ne puisse le prouver, mais qui est aussi défendue par la cour de Bourgogne dont elle descend par sa mère.

Après que Philippe se soit instauré régent de facto, Clémence accouche enfin difficilement d'un fils... que Mahaut empoisonne. Sauf que le bébé qu'elle tue est en fait l'enfant de Marie de Cressay et Guccio, et que Bouville, chargé de la protection de Clémence et de son enfant, avait fait subsitituer au vrai roi dont Marie étant devenue la nourrice. Mais tous gardent le secret, et donc dans cet opus en tout cas, la nouvelle reste secrète, et le public croit l'enfant roi décédé, ce qui crée une nouvelle course à l'héritage qui sera finalement habilement remportée par Philippe, dit le Long. La dernière scène du livre, le sacre de Philippe, ne nous épargne pas un dernier rebondissement deux pages avant la fin, mais Philippe est bien couronné.

Une intrigue compliquée, pleine de complots intelligents de toutes parts, tramée aussi d'une brève guerre en Artois contre Robert qui manigance toujours et n'est silencé que par la prison (alors qu'il a les preuves des régicides du Hutin et de son fils par Mahaut) - on voit bien là que le roman surpasse largement son prédécesseur en terme des qualités qui faisaient la force du tout premier opus.

Ayant lu le prologue de La Louve de France, le cinquième opus, le seul reproche que je puisse vraiment faire à la Loi des Mâles (qui est tant servi par les évènements historiques qu'il conte, il faut le dire), est que ce prologue aurait mieux servi comme épilogue du quatrième, qui manque un petit peu d'un cliffhanger sur la toute fin, alors que le prologue en crée un, où l'on apprend que le seul fils de Philippe, Louis-Philippe, meurt quelques semaines après le sacre de son père, que Philippe n'aura jamais d'autre enfant son épouse étant devenue stérile (dit-on), et que, ne lui restant que des filles, la loi des Mâles qu'il avait lui même instaurée et invoquée pour atteindre le trône prévient sa propre descendance d'y jamais accéder . Mais c'est bien petit tort de la part du roman, et ne le prévaut pas d'un solide 4.5/5