A review by lessidisa
L'Amour aux temps du choléra by Gabriel García Márquez

4.0

Très belle plume.


« Au troisième jour de route, une mule affolée par les taons roula au fond du ravin avec son muletier entraînant la cordée tout entière, et le hurlement de l'homme et de la grappe des sept bêtes amarrées les unes aux autres rebondissait encore dans les ravins et les escarpements plusieurs heures après le désastre et continua de résonner pendant des années et des années dans la mémoire de Fermina Daza. Tous ses bagages furent précipités dans le vide avec les mules mais pendant l'instant séculaire que dura la chute jusqu'à l’extinction au fond du précipice du hurlement de terreur, elle ne pensa pas au malheureux muletier mort ni à la caravane déchiquetée mais à la cruauté du sort qui avait voulu que sa propre mule ne fût pas encordée aux autres. »

« "Je te remets les clefs de ta vie", lui dit-il.
Elle, avec ses dix-sept ans révolus, le prit au mot tambour battant, consciente que chaque pouce de liberté gagné l'était pour l'amour. [...] Elle ne pensait plus à lui comme au fiancé impossible mais comme à l'époux certain à qui elle se devait tout entière. Elle sentit combien lui pesait le temps perdu depuis son départ, combien il lui en avait coûté d'être vivante, combien elle allait avoir besoin d'amour pour aimer son homme ainsi que Dieu l'ordonnait. »

« Lorenzo Daza continuait d'inventer toutes sortes de stratagèmes pour rencontrer Juvenal Urbino comme par hasard, sans s’apercevoir que c'était Juvenal Urbino qui faisait l'impossible pour se laisser rencontrer. »