A review by oursinculte
Waylander by David Gemmell

4.0

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’envie saugrenue de relire du David Gemmell. Pour moi, l’auteur a été un point de bascule y’a presque une vingtaine d’années, le déclencheur qui m’a fait tomber dans la marmite de la fantasy pour ne plus vraiment en ressortir. On est bien dans cette marmite. Malgré une PAL dans laquelle j’arrive à me perdre, j’ai glissé Waylander entre deux nouveautés en avril.

Waylander est un assassin froid et mystérieux qui loue ses services au plus offrant. Tandis qu’il se promène, il tombe sur des bandits en train de tranquillement torturer un prêtre. Il ne devrait pas s’en mêler, c’est pas ses affaires, il n’est pas un grand héros qui sauve la veuve et l’orphelin. Mais bon, sans trop comprendre ce qui le pousse, Waylander va défoncer la gueule des malotrus et sauver Dardalion, et ce sera le début d’une bien étrange aventure pour le sombre tueur. Le pays de Drenai est envahi par un ennemi, les derniers résistants sont acculés et sans grand espoir, et c’est un peu la faute de Waylander. Et si le salut venait également de lui ?

Waylander est un personnage marquant de l’univers de David Gemmell, tueur impitoyable et sans état d’âme, le lecteur assiste ici au réveil de sa conscience. Sa rencontre avec Dardalion va le changer, ou plutôt le faire revenir dans le monde des vivants. On assiste à un arc narratif assez classique mais superbement efficace sur la rédemption, David Gemmell nous montre à rebours comment Waylander est devenu Waylander, ce qui l’a guidé sur ce chemin et ce qui va l’en sortir. Son protagoniste est même très caricatural quand on y pense, mais l’auteur à assez de talent et de punch pour transformer une caricature en véritable icône.

En contre-point, on a la trajectoire du prêtre Dardalion qui va se faire un peu dans l’autre sens. Membre d’un ordre un poil niaisou qui prône la non-violence alors qu’ils sont tous en train de se faire massacrer, notre petit prêtre va réaliser qu’un peu de violence sera peut-être nécessaire pour sauver son peuple, et que ses grands pouvoirs seront déterminants dans cette dernière ligne droite désespérée dans la guerre en cours. Cette double évolution croisée entre Waylander et Dardalion permet un équilibre dans le bouquin, et des échanges qui lui permettent d’être plus qu’un actionner bourrin et simpliste. Y’a chez Gemmell une recherche d’une certaine morale, presque une philosophie derrière sa bibliographie à première vue bourrine.

Je retrouve à travers cette relecture le plaisir que j’ai eu à l’époque, cette fantasy directe, simple, qui s’encombre pas d’un worldbuilding de 750 pages mais qui touche par ses personnages. Gemmell créait de la fantasy où des héros se dressent contre le désespoir, avec un peu de folie et de sagesse. Il est le précurseur d’une fantasy moderne, père spirituel de toute une vague qu’on voit aujourd’hui et dans laquelle on peut en voir l’héritage. Mais il a aussi les défauts de son époque : c’est une fantasy masculine, et la principale figure féminine dans Waylander, Danyal, peine à sortir du rôle de demoiselle en détresse qui succombe au charme ténébreux de notre héros en un clin d’œil. C’est un défaut plus visible aujourd’hui, et qu’on retrouve de manière assez flagrante dans Légende (dont la relecture est prévue aussi