A review by lessidisa
Les Tambours by Lao She

3.0

On suit le parcours de Baoqing le père, et de sa fille adoptive Grâce. Au départ ils sont cerner de parasites qui leur pompent le sang 🩸 : la femme alcoolique et toxique du protagoniste, son frère inutile, et une famille qui cherche constamment à les entourlouper ; le début du roman est donc plutôt pénible à lire mais au fur et à mesure ils s'émancipent de ces sangsues. Malheureusement ce roman n'a pas l'étoffe du pousse pousse et de Quatre Générations sous un même toit. Je le trouve anecdotique et simpliste. Beaucoup de propos sexistes. En tout cas il montre bien qu'il faut donner de l'instruction aux filles car la sœur de Grâce n'a littéralement jamais rien appris de sa vie, ni instruction basique ni aucun métier alors sa seule façon de quitter sa famille est par le mariage. 

Le personnage de leur ami Meng Liang représente Lao She et il ne joue pas dans la même cours que les autres personnages, il est très supérieur intellectuellement et ses dialogues font plaisir à lire. 


« Avant le levé du rideau, le metteur en scène demanda aux Fang de s’asseoir dans les coulisses pour regarder la pièce. C'était la première fois que Baoqing voyait une pièce moderne. Il s'était attendu à ce que les acteurs entrent en scène l'un après l'autre et prononcent chacun un long discours. Ce spectacle était très différent. Les personnages parlaient comme des gens ordinaires chez eux ou dans une maison de thé. Baoqing apprécia le métier des acteurs et l'étonnante technique de la mise en scène. C'était magnifique et prenant. Il faillait en oublier de respirer. Il n'y avait ni costumes aux couleurs criardes, ni gongs assourdissants mais simplement l'humanité pour représenter l'humanité. Il dit à voix basse à son frère :
- Voilà de l'art véritable.
Et l'Inutile acquiesça :
- Oui, de l'art véritable. »


« Voilà ce qu'ils m'ont fait en prison. Ils m'ont brûlé avec des baguettes d'encens. Les plaies sont cicatrisées maintenant et je suis resté moi-même. J'écrirai d'autres livres et je dirai ce que j'ai à dire. Je n'ai pas honte de mes cicatrices et je ne me suis pas rendu au diable à cause d'une souffrance passagère. Je continuerai mon travail jusqu'à ce qu'ils reviennent me chercher. Je n'ai pas peur que mes os soient broyés car ils serviront d'engrais pour faire pousser les fleurs de la liberté. La blessure de Grâce a quelque chose de commun avec les miennes. J'ai dit la vérité et on m'a mis en prison. J'ai écrit les choses auxquelles je croyais et on m'a torturé. Grâce a voulu vivre la vie qu'elle désirait et elle aussi a été châtiée. Des temps meilleurs viendront mais avant qu'ils n'arrivent, il faudra encore sacrifier beaucoup de monde. »