A review by celiananas
Aurélien by Louis Aragon

4.0

Aurélien , c'est une histoire d'amour. Non. C'est plutôt le livre d'un quasi-amour. Toujours pas. Au fond, Aurélien , c'est l'histoire de deux personnes noyées dans leur vie quotidienne, dans leur passé et ignorant leur futur, qui ont envie d'aimer mais semblent incapables de s'intéresser à une autre personne qu'eux-mêmes pendant plus de dix secondes. C'est l'histoire d'un type parfois attachant, parfois franchement détestable, que la Première Guerre mondiale a mutilé d'une manière invisible. Il est désormais incapable de s'ancrer dans le réel, incapable de réellement voir ceux qui l'entourent, si ce n'est lorsqu'il s'agit de guerre, la guerre, toujours la guerre… Tout cela dans le contexte du Paris d'entre-deux guerres.

J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré quelques passages longuets. La plume d'Aragon est définitivement inimitable : elle est belle, certes, mais parfois difficile à cerner. Un peu comme son personnage, au fond. Un personnage qui se rapproche parfois de la misogynie et du racisme, mais sans jamais qu'on sache s'il s'agit réellement de ce qu'il pense ou s'il n'accorde simplement aucun intérêt à autre chose qu'aux apparences.

Il n'est d'ailleurs pas inutile, je pense, d'aborder le sujet des termes racistes dans ce roman, tout particulièrement dans le dernier quart du livre. S'il n'est évidemment pas question de censurer une grande œuvre pour qu'elle s'adapte à notre "politiquement correct", cela reste déroutant de trouver jusqu'à 4 fois le terme "n****" dans une seule page.

En bref, c'est une bonne lecture. Une lecture inédite, étonnante, à laquelle je ne regrette absolument pas d'avoir accordé mon temps. J'ai beaucoup aimé l'évolution des personnages féminins de Bérénice et Blanchette, qui sont finalement des femmes bien fortes. Mais s'il y a un personnage que je ne peux qu'apprécier, tout particulièrement pour sa dernière apparition, c'est Paul Denis.