A review by linakatarinac
La promesse de l'aube by Romain Gary

5.0

 « Quelques instants plus tard, j’écoutais la voix de ma mère au téléphone. Je suis incapable de transcrire ici ce que nous nous sommes dit. Ce fut une série de cris, de mots, de sanglots, cela ne relevait pas du langage articulé. J’ai toujours eu, depuis, l’impression de comprendre les bêtes. Lorsque, dans la nuit africaine, j’entendais les voix des animaux, souvent mon cœur se serrait quand j’y reconnaissais celle de la douleur, de la terreur, du déchirement et, depuis cette conversation téléphonique, dans toutes les forêts du monde, j’ai toujours su reconnaître la voix de la femelle qui a perdu son petit. »

Ou

« J’estime qu’entre 1936 et 1937 je mangeai sans payer au comptoir de Capoulade entre mille et mille cinq cents croissants. J’interprétais cela comme une bourse d’études que l’établissement me consentait.
J’ai gardé une très grande tendresse pour les croissants. Je trouve que leur forme, leur croustillance, leur bonne chaleur, ont quelque chose de sympathique et d’amical. Je ne les digère plus aussi bien qu’autrefois et nos rapports sont devenus plus ou moins platoniques. »