A review by mariebrunelm
Tonnerre après les ruines by Floriane Soulas

challenging dark sad tense slow-paced
  • Plot- or character-driven? Character
  • Strong character development? Yes
  • Loveable characters? Yes
  • Diverse cast of characters? Yes
  • Flaws of characters a main focus? Yes

4.75

J’avais peur de lire ce livre. Et ma peur était justifiée. Alors, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Ce livre est un chef-d’œuvre. Ce livre a aussi nécessité que je me fasse une tisane gingembre-citron-thym-menthe pour lutter contre la nausée qu’il a suscité en moi. J’ai aussi bénéficié des encouragements d’ami.e.s qui ont vécu en direct ma lecture des derniers chapitres.
Floriane Soulas mérite tous les câlins qu’elle acceptera, et aussi une thérapie. Je prendrai peut-être une tranche de thérapie aussi.
Comment commencer à parler de ce livre? Faisons factuel.
Tonnerre après les ruines est un roman post-apocalyptique brutal. Lottie et Férale y survivent comme elles peuvent, l’une vaccinée contre les maladies qui ravagent les survivants, l’autre affectée d’une variante de la rage jaune qui ne l’a pas tuée mais l’a transformée. Elles gagnent leur vie comme mercenaires, protégeant des caravanes dont elles partagent la vie pendant quelques semaines avant de reprendre leur propre route, jusqu’au jour où Férale entend parler de Tonnerre et des médecins qui y travailleraient sur un antidote. Lottie refuse d’y retourner pour des raisons qu’elle n’explique pas, mais se plie finalement à la volonté de celle qui est comme sa fille. A Tonnerre, elles découvrent un niveau d’inhumanité qu’elles ne croisaient pas dans les étendues sauvages des plaines où tout concourt pourtant à tuer les gens qui y errent.
Ce roman se place aux côtés de La Cinquième Saison de N.K. Jemisin et de Notre Part de Nuit de Mariana Enríquez, mais il pousse l’horreur encore plus loin, ce que je ne pensais pas possible. Là où Mariana Enríquez suggérait beaucoup, Floriane Soulas nous prend par la nuque et nous plonge le nez dans l’horreur. On n’échappe pas aux détails les plus révoltants, mais on ne peut pas non plus s’empêcher de continuer à lire ce récit mené d’une main de maître(sse). Car cette violence inouïe sert un propos puissant sur la monstruosité et l’aliénation, sur l’autonomie et les moyens d’accomplir un projet qui dépasse celles et ceux qui s’y consacrent.
A Tonnerre, l’insoutenable s’inscrit dans les corps, et en particulier les corps féminins. Mais je remercie profondément l’autrice de ne jamais sexualiser cette violence. C’est peut-être le seul répit qu’elle nous accorde au fil de ses pages toutes plus épouvantables les unes que les autres. Et je dis ça avec le plus grand respect pour Floriane Soulas et son travail. Encore une fois, ce livre est un chef-d’œuvre. Mais par pitié, si vous avez le moindre doute sur votre capacité à encaisser, passez votre tour.
AC : body horror, violence, mort d’enfants, maladie terminale, mort d’animaux, crise de panique, grossesse forcée, mortinatalité, anthropophagie, automutilation, eugénisme, scènes médicales traumatisantes.

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