A review by selsel_
Night as It Falls by Jakuta Alikavazovic

4.0

Qu'est-ce que c'est beau et qu'est-ce que ça fait du bien de lire une œuvre qui semble revenir à son point de départ pour boucler la boucle. On découvre un récit décousu, quelque chose de flou, comme de vieilles archives mal rangées que notre protagoniste Amélia aurait pu découvrir lors de sa quête. Tout est incertain dans cette intrigue, et pourtant tout est visible, et même parfois prévisible si l'on fait attention à certains schémas qui se répètent au fil du récit.
La mémoire et les remords sont au cœur de ce roman, que l'on se situe dans le présent, le passé ou bien dans le futur. C'est un livre qui décrit de multiples ravages : les ravages d'un vécu personnel, les ravages d'un passé, les ravages d'une histoire d'amour qui n'a pas lieu au bon moment, les ravages d'une nostalgie maladive.
En tant que personne qui a une histoire personnelle reliée à la Bosnie j'ai été à la fois soulagée et peinée de retrouver ce sentiment de mélancolie presque inexplicable ancrée dans mon identité à travers le personnage d'Amélia. C'est précieux tout en étant douloureux, c'est un sentiment qui donne l'impression de garder une image indélébile d'un pays qui ne pourra plus jamais être ce qu'il a été. Alors merci à Jakuta Alikavazovic d'avoir si bien décrit cela. J'ai également beaucoup apprécié le développement de Paul, notamment dans la troisième partie du roman où le temps semble lui permettre d'ouvrir les yeux. Et puis ces personnages féminins inoubliables : Amélia, Albers, Nadia Dehr et même Louise, qui sont des œuvres en elles-mêmes, des femmes qui rayonnent par leurs convictions souvent mal comprises.
C'était beau, c'était flou mais c'était intense.