A review by corvuscorax
Madame Bovary by Gustave Flaubert

4.25

Oui, le livre a été très, très bon. Mais tu savais ça déjà; tout le monde te le dit, notamment tes profs de français. Alors, quoi dire sur un livre qui a pu créer presqu'un culte sans paraître s'en soucier trop? Peut-être juste qu'il ne parle pas d'une adultérine. Ou, plutôt, qu'il parle de tous ceux qui ont voulu plus que ce qu'ils ont obtenus dans la vie en parlant d'une adultérine, des détails minutieux et horribles de ses douleurs incessantes.

Le cadre clos et suffoquant d'une ville qui ne la comprend pas, d'un mari qui ne la comprend pas, des amants qui ne la comprend pas, d'elle-même qui ne se comprend pas, qui ne peut qu'indiquer ses blessures sanglantes en balbutiant quelque chose de l'amour. C'était désespérant de voir une jeune fille qui a désiré si fortement et qui n'a jamais goûter la gloire de chasser quelque chose pour elle-même, d'avoir ses propres échecs. Elle jouait toujours dans une pièce de théâtre dont tous les histoires qu'elle a aimées sont les autrices, sans percevoir le regard du public.

Comme est le cas de beaucoup de malheureuses femmes littéraires, le seul moment où elle a vraiment exprimé ses désirs est sa mort. Pas dans la manière, aussi romanesque et exaggerée que toutes les gestes de sa vie, mais dans le refus de survivre à son suicide. C'est au moment où elle ne vomit pas qu'elle regagne le dernier mot de son dialogue avec l'espoir.


Tout autour d'Emma, le personnage de livre qui voudrait être un personnage de livre, on trouve toutes les "personnes" du livre, qui attend les actions et pensées d'Emma pour comprendre leurs propres gestes mécaniques. Emma n'est que l'écho passional d'une ville pleine de gens qui ont des désirs dont ils ne parleront jamais. 

Un bon début pour la nouvelle année.

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