choupitali's reviews
360 reviews

The Rest of the Robots by Isaac Asimov

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4.0

 Comme son nom l'indique, The Rest of the Robots nous présente tout un panel de robot qui ne faisait pas partie de I, Robot.

Robot AL-76 Goes Astray met en scène, de façon hilarante, un robot prévu pour aplanir les reliefs lunaires qui se retrouve perdu sur Terre et cherche à accomplir sa mission ; Victory Unintentional nous fait suivre trois robots envoyés par la colonie humaine de Ganymède pour négocier avec les extraterrestres de Jupiter, et compte tenu du complexe de supériorité de ces derniers, le dialogue s'avère plutôt comique ; First Law est une très courte histoire dans laquelle Donovan raconte la fois où un robot a ignoré la première Loi de la robotique ; Let's Get Together se place dans un contexte de guerre froide, où les États-Unis ont reçu l'information que leur ennemi auraient envoyé une dizaine de robots sur leur territoire dans l'objectif de les faire exploser une fois rassemblés ; dans Satisfaction Guaranteed, un mari part pour une durée de deux mois pour raison professionnelle, laissant soin à sa femme de tester un robot chargé de gérer la maison ; Risk nous fait assister au premier test de voyage utilisant l'hyperespace avec un robot à bord, le résultat étant aussi anticipé que craint ; Lenny nous présente un robot s'exprimant et agissant de la même façon qu'un bébé humain suite à un problème dans la fabrication de son cerveau positronique ; enfin, Galley Slave nous plonge dans une affaire de tribunal opposant un professeur de sociologie à l'entreprise U.S. Robots and Mechanical Men, le professeur affirmant la ruine de sa réputation et carrière à cause de modifications apportées par un robot correcteur à son manuscrit.

Une fois de plus, Asimov nous propose de réfléchir sur plusieurs questions liées à la robotique, mais pas seulement, rendant le recueil plutôt varié. Certaines nouvelles se déroulent autour de sujets toujours aussi pertinents, comme le remplacement de l'être humain par la machine, ou la crainte de la perte de valeur de la vie humaine face au profit. D'autres sont un peu plus spécifiques, comme l'interrogation sur la capacité d'un robot à aimer, mais à en juger par des films tel que Her, c'est une idée qui continue de nous parler. Il en va de même pour la nouvelle se situant en pleine guerre froide, car malgré son contexte temporel précis, le sentiment de paranoïa qui s'en dégage ainsi que le déroulement de l'histoire ne sont pas sans rappeler des attentats terroristes. Néanmoins, le recueil n'a pas toujours ce caractère aussi sérieux, et l'auteur s'autorise des nouvelles plus légères tournant principalement autour d'une question plus générale, à savoir : comment réagirait un robot dans une telle situation ? Les deux premières nouvelles en sont un exemple désopilant.

Petit bémol, cependant, sur la représentation des femmes dans ce recueil. Il se dégage un ton un peu paternaliste, sous-entendant par exemple que les femmes ont forcément un fort instinct maternel. Le personnage de Susan Calvin n'échappe pas à ce problème, bien que son traitement soit différent et qu'elle subisse beaucoup de remarques sur sa froideur par les personnages masculins. Une chose qui peut sûrement s'expliquer par l'ancienneté de l’œuvre.

Finalement, The Rest of the Robots est un recueil tout aussi divertissant et intéressant que le premier. L'auteur continue de nous présenter des robots ainsi que les problématiques qu'ils entraînent, celles-ci étant plutôt intemporelles puisqu'elles continuent d'être exploitées de nos jours. 

I, Robot by Isaac Asimov

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4.0

 I, Robot est un recueil de nouvelles écrit par Isaac Asimov, inventeur des fameuses Lois de la robotique :

1. A robot may not injure a human being or, through inaction, allow a human being to come to harm.
(Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.)
2. A robot must obey the orders given it by human beings except where such orders would conflict with the First Law.
(Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.)
3. A robot must protect its own existence as long as such protection does not conflict with the First or Second Laws.
(Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.)

Ces trois principes sont les piliers des récits de ce recueil qui sont au nombre de neuf.

Robbie nous conte l'histoire de Gloria, une petite fille qui possède un robot gouvernante. L'enfant est très attachée à ce robot, mais sa mère voit ce lien d'un mauvais œil, persuadée que la machine se retournera contre elle.
Runaround, Reason, et mettent en scène deux ingénieurs chargés de tester le fonctionnement de nouveaux robots. Les trois nouvelles les plongent donc dans des situations délicates où les robots n'en font qu'à leur tête. La première contient un robot ne parvenant pas à exécuter la tâche qu'on lui a demandé ; la deuxième oppose les deux humains à un robot sceptique possédant sa propre vision de son existence ; et la troisième rejoint un peu la première, puisque les robots n'effectuent pas les ordres donnés, à la différence qu'ils ne désobéissent que si les ingénieurs ne les regardent pas.
Liar!, Little Lost Robot, Escape!, Evidence, et The Evitable Conflict> ont en commun le personnage de Susan Calvin, une robopsychologue. Elle est d'ailleurs la pièce maîtresse du recueil, puisque toutes les histoires sont présentées comme des souvenirs en rapport avec sa carrière. La première nouvelle tourne autour d'un robot capable de lire dans les pensées ; la deuxième est un jeu de cache-cache avec un robot amélioré se dissimulant au milieu de robots basiques ; dans la troisième, un robot est chargé de construire un vaisseau capable de voyage interstellaire, chose qu'il réussit alors que la concurrence s'est trouvée dans l'impasse à cause d'une des Lois de la robotique ; dans la quatrième, un politicien demande à Susan Calvin de prouver que son adversaire de campagne d'élection est un robot ; enfin, dans la cinquième, le monde est dirigé par des machines veillant sur le bonheur de l'humanité, mais quelques anomalies surviennent, demandant donc l'examen de la robopsychologue.

I, Robot est un recueil très agréable à lire. Le style s'avère plutôt simple, mais terriblement efficace. L'auteur va droit au but et préfère donc se concentrer sur la narration ainsi que le message qu'il souhaite faire passer, plutôt que de chercher à tourner son propos de façon plus esthétique. Un choix qui se prête bien au type d'histoire qu'il nous raconte et qui est loin d'être froid puisque l'auteur glisse régulièrement de l'humour dans ses nouvelles.

Si, comme évoqué précédemment, les récits sont fondés sur les trois Lois de la robotique, il est amusant que constater qu'Asimov a cherché à établir des circonstances où ces fameuses Lois peuvent être contournées ou provoquer un dysfonctionnement.
Que se passerait-il si un robot recevait un ordre peu rigoureux ? La Première Loi interdit à un robot de faire du mal à un humain, mais qu'arriverait-il si un robot ne parvenait pas à comprendre ce qu'est un humain ? Dans un cas où un plus grand nombre se voit menacé par les actions d'une minorité, comment réagirait un robot ? Voilà le type de questions auxquelles répond l'auteur.
Bien entendu, toutes ces situations ont pour but de guider notre réflexion. Le thème le plus évident est le rapport de l'Homme avec la technologie, car l'ancienneté de l’œuvre ne la rend pas moins pertinente sur certains points. La technologie pouvant devenir source d'isolement, nous dépasser complètement, nous rendre dépendant, est un sujet présent dans ce recueil et qui s'avère toujours d'actualité.
De plus, les nouvelles permettent également de nous interroger sur notre humanité et nos valeurs, comme notre moralité. À plusieurs reprises, il est aisé de se mettre à la place des robots et de se demander ce que nous ferions si une figure d'autorité nous ordonnait la même chose. La nouvelle Evidence est d'ailleurs intéressante concernant cette transposition, puisque Susan Calvin précise bien que si l'homme soupçonné de sa véritable nature répond aux Lois de la robotique, cela ne peut pour autant confirmer qu'il est un robot. En effet, la Première Loi indiquerait simplement qu'il s'agit d'un homme bon ; de même, tout humain obéit à des instructions dispensées par la société, ce qu'illustre la Deuxième Loi ; enfin, il est normal d'attendre d'un humain qu'il cherche à protéger sa propre existence, ce qui correspond à la Troisième Loi. C'est peut-être également là où se situe le bémol du recueil, car la ressemblance des robots avec les humains rend certains événements prévisibles.

Finalement, I, Robot est un recueil aussi bien divertissant qu'intéressant. Fondé sur un concept précis, l'auteur parvient à raconter une histoire différente et enrichissante à chaque fois, sachant doser réflexions, enjeux, et humour. 
Emma by Jane Austen

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2.5

Après la bonne expérience que fut la lecture de Pride and Prejudice, j'ai voulu essayer un autre roman de Jane Austen. Mon choix s'est donc porté sur Emma, mais le résultat ne révéla pas exactement à la hauteur de mes attentes.

Emma met en scène une jeune fille éponyme, qui, n'ayant plus que son père hypocondriaque, est maîtresse de sa maison. Il est établi qu'Emma ne s'est jamais trouvée dans le besoin et possède une haute opinion d'elle-même. Se vantant de bien connaître le genre humain, elle décide alors d'utiliser son influence pour former des couples qu'elle considère idéaux. Une ambition qui lui ouvrira les yeux sur son immaturité.

Emma est un roman comique dont on peut remarquer sans peine les intentions. L'héroïne n'est pas construite de façon à inciter la sympathie du lecteur. Sa vanité lui fait prononcer des paroles blessantes sans même qu'elle s'en rende compte, et sa bonté semble davantage partir d'une pensée égoïste que véritablement altruiste. Ainsi, plusieurs de ses actions et de ses opinions provoqueront du tort, notamment envers son amie Harriet Smith qu'elle souhaite pourtant aider, mais tout cela n'est pas anodin, puisque le récit est un parcours d'apprentissage pour Emma.
En effet, en enchaînant les erreurs dans ses prédictions, l'héroïne finit par comprendre que la vie n'est pas une pièce de théâtre dont elle serait la directrice, ne pouvant pas manipuler les gens comme on le ferait avec des poupées. Emma finira par comprendre qu'elle se doit d'être plus humble et réfléchie, devenant donc plus mature à la fin du roman.
Néanmoins l'héroïne n'est pas la seule à commettre des faux-pas, car le manque de communication et les quiproquos sont monnaie courante parmi les protagonistes. Ainsi, l'autrice crée des situations embarrassantes pour ses personnages, jouant avec leurs défauts pour les mettre au service de sa satire.

Malheureusement, l'exécution de ces idées n'est pas vraiment engageante. D'une part, le roman est bien trop long pour l'intrigue qu'elle contient. L'histoire n'est essentiellement que du commérage, des arrangements, et des malentendus, aucune péripétie ne venant bouleverser les faits contés. Ainsi, pour étirer les événements sur autant de pages, le rythme se voit profondément ralenti. On peut constater, par exemple, qu'un chapitre entier est consacré à décider où devrait se dérouler un bal.
D'autre part, peu de personnages sont agréables à suivre. Le cas d'Emma a déjà été évoqué, mais Mrs. Elton la rejoint facilement en ce qui concerne la prétention, bien que son orgueil soit malveillant contrairement à celui de l'héroïne. Toutefois, d'autres caractères présentés peuvent être tout aussi insupportables. C'est le cas de Miss Bates qui possède un bon fond, mais dont les dialogues sont certainement les plus épuisants tant ses tirades sont entrecoupées de digressions. À vrai dire, seul Mr. Knightley s'avère intéressant, car il a le mérite de juger assez clairement les intentions de chacun et confronte souvent Emma au sujet de ses opinions, offrant ainsi des interactions divertissantes.

Finalement, Emma est un roman en demi-teinte. S'il est aisé de comprendre ce que Jane Austen a voulu créer, il est en revanche difficile d'adopter la forme finale tant on a l'impression que l'autrice en rajoute toujours une couche. La lecture s'achève avec un sentiment de lassitude, sans avoir pu apprécier pleinement l'humour promis. 
The Graveyard Book by Neil Gaiman

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3.0

 The Graveyard Book nous raconte l'histoire d'un petit garçon, survivant du meurtre de sa famille par un homme appelé Jack. Encore bébé, l'enfant parvient à s'échapper et à se réfugier dans un cimetière. Il y est recueilli par le couple Owens qui l'élèveront comme leur fils, l'enfant étant alors baptisé Nobody Owens, Bod pour faire plus court.

The Graveyard Book est en quelque sorte une réécriture du Livre de la Jungle, une ressemblance qui se situe jusque dans les titres, puisque le livre de Rudyard Kipling se nomme The Jungle Book en version originale.
Bod, tout comme Mowgli est un orphelin poursuivi par un tueur, Jack, le Shere Khan de cette version. Adopté par une autre famille, il s'adaptera et apprendra ce qu'il faut pour survivre. Le rôle de Bagheera revient ici à Silas – un être ni vivant, ni mort (sans doute un vampire, même si le mot n'est jamais prononcé) – désigné pour être son gardien. Le rôle de Baloo revient à Miss Lupescu, un loup-garou qui lui apprendra à identifier différentes créatures ainsi qu'à savoir demander de l'aide dans différentes langues. Le rôle des singes revient aux goules, se présentant comme affranchies des règles et cherchant à faire de Bod l'un d'entre elles. Enfin, tout comme The Jungle Book, The Graveyard Book nous fait suivre les diverses péripéties qui accompagnent l'enfance de Bod, ce dernier finissant par affronter la personne responsable de sa situation.

Cette réécriture permet d'aborder un thème plutôt intéressant, à savoir le lien entre la vie et la mort. En effet, Bod est un vivant qui vit parmi les morts. Apprenant même à effectuer des tours réalisables par des fantômes, comme le fait de s'effacer ou encore de hanter, il est ce chaînon liant les deux parties d'un être. Par ses yeux, nous découvrons donc tout un univers caché, ironiquement plein de vie puisque chaque mort possède son lot d'histoires à raconter. Cependant, The Graveyard Book est également une allégorie du passage à l'âge adulte, ou du moins, de la fin de l'enfance. Étant vivant, Bod ne peut demeurer éternellement dans le cimetière, tout comme un enfant ne peut rester indéfiniment dans le cocon familial. Ainsi, le récit se sert de l'opposition entre la vie et la mort pour expliquer cet état de fait : la mort est statique, la fin d'un temps, tandis que la vie est un renouvellement d'expérience.

‘You're alive, Bod. That means you have infinite potential. You can do anything, make anything, dream anything. If you can change the world, the world will change. Potential. Once you're dead, it's gone. Over. You've made what you've made, dreamed your dream, written your name. You may be buried here, you may even walk. But that potential is finished.’

Tout cela confère une atmosphère particulière au livre. Jouant avec le macabre, le récit se pare d'une brume de mystère, ne révélant pas tout ses secrets. Un élément qui n'est pas gênant puisque cela se déroule du point de vue d'un enfant et qu'à cette période, il est impossible de tout savoir.
En revanche, il est tout de même regrettable de voir les antagonistes un peu délaissés dans cette histoire. Leur dangerosité est évoquée, mais elle est déjà amenuisée lorsque le dénouement arrive. Ainsi, la menace paraît un peu moindre comparé à ce que le récit laisse entendre.

Finalement, The Graveyard Book est un livre intriguant et plaisant. Jouant sur l'opposition de la vie et la mort jusqu'à l'extrême en faisant évoluer un enfant dans un cimetière, l'histoire nous offre une belle aventure qui pourra être aussi bien appréciée des plus jeunes que des plus grands. 
Coraline by Neil Gaiman

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3.0

Coraline est un livre jeunesse nous racontant l'histoire d'une petite fille donnant son nom au roman. Coraline a déménagé et s'amuse à explorer les lieux, rencontrant notamment des voisins plutôt loufoques comme un vieil homme entraînant un cirque de souris, ou encore deux anciennes actrices, Miss Spink et Miss Forcible.
La maison de Coraline possède une porte s'ouvrant sur un mur de briques, mais un jour, cette fameuse porte finit par déboucher sur un couloir entraînant la fillette dans un monde très semblable au sien. Elle y trouve une femme se faisant appeler son « autre-mère », dont l'apparence lui rappelle l'originale à un détail près : ses yeux sont des boutons à coudre.
Rapidement, Coraline comprend que ce monde censé être idyllique n'a de merveilleux que la surface.

Coraline est un roman plutôt inventif, pas tant dans sa structure, mais plutôt dans son esthétique. En effet, la structure s'avère assez basique, notamment avec la quête que doit effectuer l'héroïne, mais il s'agit de la manière dont les événements sont présentés qui donne son charme à l'histoire.
Le récit mettant en scène une fillette, il se concentre ainsi beaucoup sur l'enfance et en particulier sur le jeu. Fondamentalement, l'autre monde se présente comme un univers coloré, invitant à être exploré, mais c'est en proposant un défi à l'autre-mère que Coraline peut s'en échapper – les objets de sa quête prenant même l'apparence de jouets. Les habitants donnent par ailleurs une sensation de jeu éternel. Leurs yeux étant des boutons à coudre, ils ressemblent davantage à des poupées qu'à des êtres humains, ce qui est une vérité en soi puisque l'autre-mère les a créés et contrôlent. Chose assez ironique, c'est par le biais de ses propres poupées que Coraline parviendra à déjouer les derniers tours de l'autre-mère.
Pour contre-balancer la gaieté du jeu, le roman utilise des peurs enfantines comme la crainte d'être abandonné par ses parents, l'angoisse des ombres dans l'obscurité, et même plus simplement, la frayeur des monstres. Ainsi, par tous ses aspects, le récit possède une certaine innocence, nous plongeant vraiment dans la peau de l'enfant que nous étions.

Finalement, Coraline est un roman agréable à lire. On peut regretter sa facilité et sa simplicité en tant que lecteur adulte, mais il n'en demeure pas moins intéressant de par son univers et ses thèmes. À noter que dans l'édition anniversaire, les illustrations de Chris Riddell ajoutent un certain cachet à l’œuvre.

EDIT : Il semblerait que le pitch ressemble énormément à The Thief of Always de Clive Barker... 
The Ocean at the End of the Lane by Neil Gaiman

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2.5

 The Ocean at the End of the Lane nous raconte l'histoire d'un homme qui se rend à des funérailles. Revoyant la maison de son enfance, il a l'idée de suivre le chemin menant vers une ferme où habitait Lettie, une ancienne amie. En méditant devant l'étang se situant non loin, étang que Lettie désignait comme un océan, des souvenirs datant de ses sept ans lui reviennent. Une époque où il dût se protéger d'un monstre venant d'une autre dimension, cherchant à lui nuire et manipulant toute sa famille.

The Ocean at the End of the Lane est un roman qui peut être lu comme la métaphore de l'enfance et le changement qui s'opère lorsque l'on devient adulte, comme la perte de l'innocence et de la naïveté. 
Cependant, si l'on considère que ce livre a été écrit par l'auteur pour évacuer et expliquer les années qu'il a passé au sein de la scientologie, tout prend un sens bien plus sombre.
Le thème de la mémoire et de l'identité sont très présents, deux passages étant particulièrement marquants :

“Different people remember things differently, and you’ll not get any two people to remember anything the same, whether they were there or not.”

“And did I pass?”
The face of the old woman on my right was unreadable in the gathering dusk. On my left the younger woman said, “You don’t pass or fail at being a person, dear.”

Des phrases qui trouvent certainement résonance au fond de beaucoup d'entre nous, car tout le monde craint de voir ses souvenirs s'envoler ou se modifier au fil du temps, tout comme l'on craint de commettre ou reproduire des erreurs passées.
Malheureusement, ces deux citations prennent un tout autre sens aujourd'hui... Peut-être que l'on ne réussit ou n'échoue pas à être une personne, mais on peut du moins essayer d'être quelqu'un de bien. 
Galactic North by Alastair Reynolds

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3.0

Galactic North est un recueil comprenant huit nouvelles se déroulant dans l'univers de Revelation Space. Globalement, tous ces récits contiennent des informations permettant d'étoffer un peu plus la saga, mais ils le font chacun à leur façon.

Great Wall of Mars et Glacial se suivent chronologiquement et se placent durant le passé de Nevil Clavain, un personnage fortement présent dans Redemption Ark. Ces deux histoires ne sont pas exceptionnelles, mais elles ont le mérite de répondre à quelques interrogations sur le personnage, notamment la première, puisque l'on assiste au fameux changement de faction. Si la deuxième nous montre l'adaptation de Clavain à cette nouvelle vie, le cœur se concentre plutôt sur un mystère.

Weather est un récit un peu plus indépendant, mais possède également des détails au sujet des Conjoiners. Utilisant un schéma assez classique d'incompréhension et de rejet de l'autre, le discours évolue dans le bon sens pour finalement dévoiler un élément assez perturbant qui remet en question beaucoup de passages de la saga.

Les nouvelles A Spy in Europa et Grafenwalder's Bestiary peuvent être rapprochées puisqu'elles tournent autour des Denizens, des êtres mêlant des caractéristiques d'humains et de poissons, originellement créés afin d'effectuer les plus durs labeurs. La première histoire paraît assez quelconque, mais sert finalement de bonne introduction pour la seconde qui propose quelque chose d'un peu plus conséquent, avec une réflexion sur le problème éthique d'une collection d'êtres vivants.

Dilation Sleep et Nightingale sont deux récits tout à fait différents, hormis dans leur style. En effet, ils mêlent la science-fiction avec des codes de l'horreur, rendant leur propos plus intense. Si ce mélange fonctionne aussi bien, c'est bien entendu parce que les deux nouvelles utilisent des éléments typiques de l'univers qui se prêtent parfaitement à cela, pouvant ainsi de jouer avec des peurs que chacun peut expérimenter.

Enfin, le récit éponyme, Galactic North, permet d'obtenir un autre épilogue pour la trilogie Revelation Space. Offrant une nouvelle vision des événements du troisième tome, il ajoute également des informations sur les Nestbuilders. Cependant, loin de conserver l'optimisme sous-jacent de la trilogie, cette histoire insère un certain pessimisme allant même jusqu'au défaitisme.

Toutes les nouvelles de ce recueil possèdent des thèmes intéressants. Malheureusement, elles souffrent toutes du format. Alastair Reynolds semble être un auteur qui a besoin d'une certaine longueur pour développer ses idées.
Plusieurs nouvelles demeurent tout de même satisfaisantes sans avoir besoin de pages supplémentaires, comme Weather, Grafenwalder's Bestiary ou encore Nightingale, car leur développement est complet pour ce que veut véhiculer chaque histoire. Néanmoins, les autres récits laissent un goût d'inachevé tant leurs sujets mériteraient un peu plus de place pour véritablement briller. C'est d'autant plus dommage pour une nouvelle comme Galactic North, où chaque segment va de plus en plus loin dans le temps, provoquant un vrai vertige, mais dont la substance s'avère un peu trop survolée.
À noter que Great Wall of Mars est un cas un peu plus particulier : l'histoire n'a pas spécialement besoin de s'étaler davantage, mais son intérêt réside uniquement dans le fait qu'elle dévoile une partie du passé de Clavain. Il s'agit d'un épisode s'intercalant dans la trilogie, mais qui, après réflexion, n'est pas si nécessaire.

Finalement, Galatic North est un recueil à réserver aux fans de l'auteur et de l'univers de Revelation Space, car les nouvelles sont plutôt là pour compléter notre savoir. Le recueil est agréable à lire, offrant des informations pouvant remettre en question certains éléments de l'univers, mais il manque un peu de consistance, comparé aux romans, ou même à des novellas comme Diamond Dogs et Turquoise Days.
Absolution Gap by Alastair Reynolds

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5.0

À l'image des tomes précédents, Absolution Gap se déroule selon plusieurs points de vue que l'on peut principalement regrouper en deux groupes.
D'une part, nous suivons les personnages présents sur Ararat. L'action se situe en 2675 et s'articule autour de Scorpio et Clavain –que nous avons découverts durant  Redemption Ark–, mais également de Vasko, un jeune homme employé à la sécurité de la colonie. Ils sont rapidement rejoints par Khouri, qui détient des informations capitales pour la survie de l'humanité face à la menace oppressante des Inhibiteurs.
D'autre part nous suivons les personnages présents sur Hela, une lune de la planète Haldora. L'action se situe plus tardivement, en 2727, et s'articule essentiellement autour du personnage de Rashmika Els, bien que le récit nous offre parfois d'autres points de vue. La jeune fille cherche à découvrir ce qui est arrivé à son frère qui fut employé pour un travail de démolition par la religion locale.

Absolution Gap s'avère bien meilleur que Redemption Ark, et ce, pour diverses raisons.

Certains défauts notés auparavant ont été corrigés. Par exemple, la présence du lieu et de la date au début de chaque chapitre permet de mieux placer les événements, mais ceci n'est qu'un détail parmi ce qui nous est offert dans ce roman.
La construction du récit est réalisée de manière intelligente. Alternant entre différents lieux et même différentes époques, tout s'articule à la manière d'un immense puzzle où chaque événement devient une nouvelle pièce de la fresque finale. Le rythme est parfaitement dosé, sachant ralentir ou accélérer aux bons moments. Ainsi, le lecteur n'a jamais l'occasion de s'ennuyer ou de se perdre, bien trop occupé à réfléchir sur les implications de chaque information supplémentaire.

Cependant, cette structure prend réellement vie grâce aux personnages. Ils sont suffisamment nombreux pour délivrer une large diversité morale. Certains d'entre eux sont attachants, tandis que d'autres seront plutôt antipathiques, mais il est rare que les protagonistes génèrent l'indifférence. À vrai dire, Absolution Gap possède des passages profondément marquants, où les personnages deviennent bien plus que de l'encre tant leurs actions et leurs réactions impliquent le lecteur dans l'histoire. À titre personnel, je pense n'avoir jamais été aussi en colère en lisant une des scènes tant la situation me touchait. Sans aucun doute, un véritable lien se crée avec les protagonistes.

Grâce à eux, les thèmes abordés sont sublimés, donnant à ces réflexions toute leur matière.
Si Scorpio avait un potentiel peu développé dans Redemption Ark, il prend bien plus d'importance dans Absolution Gap. Subissant des préjugés liés à sa condition d'hyperpig et possédant un passé difficile avec les humains, il assure tout de même le poste de leader nécessaire au maintien de la colonie, devenant la voix de la sagesse dans des situations délicates où des vies sont en jeu. Ce personnage permet donc d'introduire des réflexions sur les différences, mais également sur l'éthique, car ce roman nous montre bien qu'être humain n'est pas une question de biologie.
Le récit offre également toute une pensée sur la religion. Celle développée sur Hela se concentre sur les disparitions furtives de la planète Haldora qui sont apparentées à des miracles. Ainsi, un véritable cortège de cathédrales mobiles et de caravanes s'est formé de façon à suivre les mouvements de la planète, pour que les observateurs ne puissent la quitter des yeux à aucun moment. Durant l'histoire, nous assistons à la construction de cette religion, constatant chaque rouage, chaque choix qui a déterminé le fondateur à emprunter cette voie plutôt que de rationaliser les événements, entraînant petit à petit les crédules dans son entreprise. Il est fascinant de voir à quel point il lui est impossible de s'écarter de sa foi tant elle est devenue le pilier de toute son existence, et que si elle se fragilise, cela signifierait qu'il a dédié sa vie à un joli mensonge.
Le roman contient de nombreuses idées, comme un développement encore plus poussé des implants Conjoiners, l'intégration de la race extraterrestre des Scuttlers, une utilisation de la théorie des cordes, et bien d'autres encore, rendant le récit et l'univers toujours plus riche.

Finalement, après un deuxième opus un peu en-dessous du premier, Alastair Reynolds nous livre ici l'apothéose de sa trilogie où il entraîne le lecteur dans un voyage inoubliable et ponctué de rebondissements. La fin divise les avis, mais elle demeure, selon moi, la meilleure façon de conclure cette histoire, s'appuyant sur une notion d'équilibre en évitant une résolution trop classique.
Nul doute que cet univers a encore beaucoup de choses à dévoiler ! 
Redemption Ark by Alastair Reynolds

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4.0

Redemption Ark se déroule majoritairement selon deux points de vue, chacun se séparant parfois selon les personnages.
D'une part, nous suivons Ana Khouri et Ilia Volyova qui, après les événements de Revelation Space, ont décidé d'opérer sous couverture à Resurgam. Face au danger que représentent les Inhibiteurs, les deux femmes cherchent à évacuer la planète sans encombre – la difficulté étant de ne pas ébruiter leur véritable identité, notamment à cause du statut de criminelle que possède Volyova auprès de la colonie, bien qu'il soit injustifié.
D'autre part, nous suivons différents Conjoiners, ces humains dont la technologie leur permet de communiquer par la pensée et d'augmenter plusieurs de leurs capacités. Un des points de vue est celui de Skade, une femme haut-gradée faisant partie d'un conseil secret et qui commande donc plusieurs opérations dans l'ombre. Un autre point de vue est celui de Nevil Clavain, un ancien Démarchiste devenu Conjoiner, mais qui n'adhère pas avec les plans de Skade concernant les Inhibiteurs.
Dans la lutte contre ces machines, d'anciennes armes créées par les Conjoiners seraient un avantage indéniable, et heureux hasard, plusieurs d'entre elles se trouvent à présent en possession de Volyova, à bord du Nostalgia for Infinity.

Tout comme son prédécesseur, Redemption Ark est un roman qui prend son temps. Toutefois, contrairement au premier opus, cette mise en place paraît plus longue et peut-être moins nécessaire.
En effet, >Revelation Space avait toutes ses raisons pour posséder un rythme modéré. Les personnages étaient assez nombreux et leur rôle dans l'histoire impliquaient donc un développement assez conséquent. De même, l'univers étant nouveau, l'auteur se devait d'en expliquer quelques rouages, le tout menant à des rebondissements qui pimentaient cette exposition. Une sensation que l'on peine à retrouver dans Redemption Ark.
Le deuxième volet possède également de nombreux personnages, mais leur développement s'avère inégal. Si les protagonistes sont plutôt bien représentés, les figures plus secondaires donnent parfois l'impression de remplir le décor, ce qui est regrettable car elles possèdent un certain potentiel. On peut noter l'exemple de Scorpio dont le passé nous est conté, mais que l'on ne voit finalement pas aussi souvent que l'on pourrait le penser à sa première apparition dans l'histoire. Le cas d'Antoinette Bax peut être également soulevé, accompagné de celui de Xavier Liu. Ces deux personnages sont au cœur d'une sous-intrigue, mais cette dernière s'avère plutôt survolée, au point que l'on peine à se sentir impliqué. Bien entendu, ces personnages permettent de montrer que la menace des Inhibiteurs concerne n'importe qui, et que son impact fait relativiser les problèmes à plus petite échelle, mais il est difficile de ne pas rester sur sa faim avec leur utilité et leur présence.
La faute en incombe peut-être au temps consacré à exposer les moindres détails de la préparation de l'évacuation de Resurgam. Il est normal qu'une telle opération ne puisse être réglée rapidement, mais entre les déboires de Volyova à communiquer avec le capitaine du vaisseau, les manigances de Khouri pour enrôler le citoyen Thorn dans leur cause, la ténacité de ce dernier à ralentir le processus pour obtenir davantage de preuves de ce qu'avancent les deux femmes, et la difficulté globale qu'impose une évacuation de cette ampleur, le rythme du roman ne peut qu'en souffrir. Si bien qu'à partir d'un certain moment, le temps semble avoir fait un bond, puisque d'une préparation laborieuse nous passons à un premier voyage en navette en cours d'exécution.
À cause de ces longueurs, il est dommage de ne pas retrouver des dates en début de chapitres, nous permettant de situer un peu plus précisément la chronologie des événements comme pouvait le faire Revelation Space.

Néanmoins, Redemption Ark demeure un livre plaisant à lire pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, l'auteur nous offre de nouvelles informations sur cet univers. Les Conjoiners sont mis en lumière de façon à ce que l'on comprenne leur fonctionnement, et de ce côté, les idées ne manquent pas. On peut observer comment ce peuple a pu prendre une telle importance, notamment d'un point de vue technologique, ce qui les mène à une certaine supériorité par rapport à d'autres factions humaines.
Ensuite, le récit nous propose de découvrir la vision des Inhibiteurs. Un choix qui aurait pu s'avérer risqué, car certains dangers deviennent moins effrayants une fois le mystère qui les entoure dissipé, mais c'est l'inverse qui se produit ici. Si l'on pouvait déjà saisir l'ampleur de la menace dans le premier opus, celui-ci nous dévoile à quel point les paroles rapportées sont exactes, car une facette manipulatrice s'ajoute à l'aspect efficace et inarrêtable que nous connaissions déjà.
Enfin, le nœud de l'histoire est tout à fait captivant. En effet, bien que leurs situations et leurs obligations soient différentes, les personnages de ce roman ont un ennemi commun : les Inhibiteurs. Malgré cela, l'humanité préfère se diviser plutôt que de s'allier et de chercher des compromis pour satisfaire tous les camps. Un point particulièrement intéressant puisqu'il est soulevé comme un argument en faveur des Inhibiteurs.

Finalement, malgré ses défauts, Redemption Ark est une bonne suite. Les enjeux prennent davantage d'ampleur et, compte tenu des événements, la tension augmente au point que l'on se demande ce que nous réserve le dernier tome de la trilogie. 
Card Captor Sakura, Tome 1 by CLAMP

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3.0

 !Attention, il s'agit d'une critique de la série complète!

Card Captor Sakura est un manga divisé en douze volumes. Il raconte l'histoire de Sakura Kinomoto, une petite fille de CM1, qui a laissé s'échapper des cartes magiques en ouvrant le livre de Clow. Elle est chargée de les retrouver par le gardien du livre, Kerberos, avant que leurs pouvoirs ne provoquent de catastrophes sur la ville.

J'ai personnellement découvert le manga par le biais de son adaptation en série télévisée que j'adorais regarder. Je me suis donc tournée vers le matériau original, curieuse de savoir comment l'histoire se déroulait dedans. La surprise fut grande.
En effet, le manga et l'anime ne suive pas du tout la même chronologie. Les aventures de Sakura sont bien plus courtes dans le manga et cela s'explique en partie par le fait qu'il y a beaucoup moins de cartes existantes dans le manga. De plus, leur capture ne s'effectue pas toujours de la même manière.
En soi, ce n'est pas un problème, car l'histoire permet de surprendre le lecteur, mais le manga en souffre un peu au niveau du rythme. Les péripéties étant moins nombreuses, le manga s'avère donc plus court. S'attardant beaucoup moins sur les personnages, leurs relations, et leur vie quotidienne, il dégage une impression de rapidité, comme si l'on ne découvrait que les grandes lignes. Certains protagonistes en ont une évolution un peu trop radicale, et certaines révélations arrivent assez brusquement sans que le mystère les précédant n'ait le temps de vraiment s'installer.
L'histoire en elle-même est intéressante à suivre. Certains pourrait regretter le manque de réels enjeux, mais en tant que lecture douce et sans prise de tête, ce manga remplit très bien son rôle. À noter tout de même que certains éléments sont plutôt problématiques, notamment la différence d'âge dans deux relations. Une chose qui a été partiellement corrigée dans l'adaptation.

D'un point de vue un peu plus technique, les dessins sont indéniablement beaux. Très fins et soignés, ils s'accordent bien avec le ton de l'histoire, sachant apporter délicatesse et dynamisme.
En revanche, la traduction française contient plusieurs maladresses. L'action se déroulant au Japon, l'appellation d'une personne dépend de sa proximité avec autrui. Ainsi, certains personnages s'appellent par leur nom de famille, tandis que d'autres s'appellent par leur prénom, à cela s'ajoutant également les suffixes “-chan”, “-kun”, “-san”, ou encore “-sama” indiquant également la relation entretenue avec la personne. La traduction française oublie complètement cela en se calquant sur notre culture, mais semble parfois se tenir à la version originale. Ainsi, certains personnages s'appellent par leur prénom, puis leur nom de famille, pour revenir au prénom sans raisons apparentes. On peut également observer des inconsistances dans l'écriture des noms.
Néanmoins, il est bon de constater qu'un choix intéressant a été fait concernant le personnage de Kerberos. Ce dernier possédant l'accent d'Osaka, la traduction a décidé de retranscrire ce dialecte différent en utilisant l'accent marseillais. Un choix qui peut diviser, mais qui s'avère plutôt judicieux vu le contexte.

Finalement, Card Captor Sakura est un bon manga pour passer un moment agréable. Il possède ses petits défauts, mais la lecture demeure divertissante. Je lui préfère tout de même son adaptation animée plus complète, et qui fait définitivement vibrer ma fibre nostalgique.