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Le Dit du Genji by Murasaki Shikibu, Estelle Leggeri-Bauer, René Sieffert

bionicgecko's review against another edition

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3.0

Une fenêtre grande ouverte sur les intrigues amoureuses de trois générations de la noblesse de la cour impériale d'Heian autour de l'an mil. Passion, jalousie, scandale et trahison se côtoient au quotidien dans un décor surréel évoquant à perfection l'image que l'on se fait du Japon de l'époque, où chaque mot est poème et chaque fleur un rappel de l'impermanence du monde.

Considéré comme le premier "roman psychologique", ce récit se distingue en effet très fortement des oeuvres phares de l'antiquité occidentale, qui mettaient l'emphase sur l'action et la bravoure. Sur un régime décidément plus féminin, Murasaki Shibiku nous entraîne dans la vie amoureuse de de l'entourage de l'empereur d'un Japon médiéval déchiré par les guerres internes, sans faire une seule fois mention de ce fait. Le roman fait en effet une abstraction complète de la vie hors-cour; les hommes s'élèvent en grade sans que l'on ne soit mis au courant de leurs exploits, et les femmes n'ont d'autre souci que leur apparence et leur maîtrise de la cithare. Ici, rien ne peut ternir la beauté du moment.

La note donnée est basée sur une lecture moderne de l'oeuvre; bien que la valeur du Dit du Genji dans l'histoire de la littérature est incontestable, le lecteur contemporain pourrait trouver le récit un peu long et les intrigues répétitives. Ajoutant à tout cela la tendance de l'autrice à nommer les personnages par leur titre, qui a une fâcheuse tendance à changer sans relâche d'un chapitre à l'autre, le lecteur d'auourd'hui risque de se retrouver désorienté à plus d'une reprise. Mais malgré tout, la magie opère, et la poésie de Murasaki Shibiku nous fait revivre avec force cette époque aux coutumes et à la moralité bien différentes des nôtres.

spacestationtrustfund's review against another edition

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3.0

Cet avis est sur la traduction de René Sieffert.

« Le Dit du Genji », ce grand classique de la littérature universelle dont Borges disait qu'il n'a jamais été égalé, fut écrit au début du onzième siècle par dame Murasaki, une aristocrate qui vécut à la cour impériale de Heian-kyô (l'actuelle Kyôto). Cependant, écrit René Sieffert—qui a travaillé à sa traduction près de vingt ans—, « pas un instant je n'ai eu le sentiment d'un véritable dépaysement, ni dans le temps ni dans l'espace, mais au contraire me hantait l'impression constante d'être engagé dans une aventure mentale étonnamment moderne. Il m'a semblé découvrir des situations, des analyses, des dialogues qui pouvaient avoir été imaginés hier, si ce n'est demain. » Ce « roman-fleuve », qui retrace le destin politique et la riche vie amoureuse d'un prince, l'éponyme Genji, vaut autant par la vigueur de la narration que par l'évocation d'un climat, une atmosphère, un état d'âme, les accords d'une cithare ou le parfum d'un prunier en fleur—illustration parfaite de l'impermanence de ce monde et de la vanité ultime de toute entreprise humaine.
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