choupitali's reviews
360 reviews

Circe by Madeline Miller

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5.0

 Circe nous raconte le destin de la femme éponyme, surtout connue pour son apparition dans L'Odyssée. Circe est la fille du titan Helios et de la nymphe Perse. Différente des autres membre de sa famille, notamment à cause de sa voix, elle reçoit essentiellement du mépris. Cependant, si Circe n'a pas reçu les pouvoirs de son père, elle possède tout de même une particularité : elle est une magicienne. Bien que ses frères et sa sœur soit dotés du même talent, son honnêteté lui vaut d'être exilée sur l'île Aiaia, condamnée à une vie de solitude.

Circe, tout comme The Song of Achilles, nous plonge dans l'univers de la mythologie grecque, si ce n'est de façon plus intense que l'autre livre. Ici, beaucoup de divinités sont véritablement au cœur de l'histoire, Circe étant elle-même une déesse bien que moins importante. Ainsi, grâce au récit à la première personne, nous entrons dans le quotidien de l'héroïne, ce qui signifie s'imprégner d'un monde au fonctionnement différent.
Le roman nous fait ressentir comment pensent et agissent les divers dieux et déesses, ce qui représente pour eux une offense, une humiliation, une faiblesse, une force, etc. Le choix de prendre Circe comme centre du récit est donc judicieux, car de part sa différence, elle est ce qui se rapproche le plus d'un être humain mortel. Il est donc facile de compatir avec elle, de comprendre ses indignations, l'injustice qu'elle peut éprouver, et autres sentiments forts.

Le livre se concentre donc sur le parcours de Circe, de ses origines à son exil, mais également aux choix qu'elle accomplit durant cette phase de solitude, et les différentes rencontres qu'elle effectue malgré elle sur son île. On pourrait penser qu'il n'y a pas vraiment de fil conducteur, et que les événements peuvent être résumés à de simples épisodes de sa vie, mais ce serait faire l'impasse sur un énorme point du roman.
En effet, Circe est un personnage qui est mal à l'aise parmi les siens, qui désire faire ses preuves, mais qui se voit rejeté pour son manque de qualité. Ainsi, le récit qu'elle nous offre est un voyage, chose ironique puisqu'elle a l'interdiction de quitter Aiaia, mais il s'agit plutôt d'un voyage intérieur. Au fur et à mesure, Circe apprend à se détacher de son passé, à grandir, pour finalement découvrir qui elle est. Une telle histoire ne peut donc que résonner au fond de nombreux lecteurs, car c'est une quête que plusieurs ont dû expérimenter ou s'apprêtent à entreprendre.

Concernant la réécriture, Madeline Miller est une fois de plus bluffante. Si l'on connaît un minimum le matériau d'origine, on peut voir quels segments ont été utilisés pour l'écriture du livre, mais tout néophyte pourra y trouver son compte puisque le roman se montre accessible à tous.
À ce sujet, il est intéressant de repérer ce qui a pu être inventé ou modifié pour le bien du récit, car c'est là que l'on reconnaît le talent de l'autrice. Plusieurs mythes sont suffisamment proches des uns des autres, mais ne possèdent pas vraiment de liens dans les textes originaux. Ainsi, les voir réunis habilement grâce au fil manquant qu'est le personnage de Circe est terriblement intéressant. On peut noter l'exemple de la rencontre entre Daedalus et Circe qui ne paraît pas avoir lieu dans les retranscriptions anciennes, alors que Daedalus est au service de Pasiphaë, sœur de Circe.

Finalement, Circe est un roman que l'on peut rapprocher d'une véritable épopée. La réécriture permet de nous présenter les épreuves de ce personnage féminin, afin d'en faire exemple de force et de fierté d'être soi-même. Une approche qui s'avère touchante et fascinante, que l'on soit féru ou non de mythologie.
The Song of Achilles by Madeline Miller

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5.0

The Song of Achilles se déroule en Grèce, à l'époque des héros et des divinités. Nous suivons Patroclus, un jeune prince qui a été exilé par son père suite à une faute grave. Il est envoyé en Phthie, à la cour du roi Peleus où il fait la connaissance de son fils, le prince Achille. Un lien d'amitié se noue entre les deux jeunes hommes, Patroclus devenant même “therapon”, c'est-à-dire un compagnon ayant juré fidélité. L'amitié se transformant un en sentiment plus fort, Achille et Patroclus vivent tranquillement leur adolescence ensemble jusqu'à ce que le destin les rattrape. En effet, le prince de Phthie est appelé à devenir un héros, et rien de tel qu'une guerre pour illustrer ses talents. Cependant, la guerre de Troie n'est pas aussi simple que voulue.

Le roman est un récit à la première personne qui se place sous le point de vue de Patroclus. De cette façon, le lecteur peut découvrir ou redécouvrir le mythe d'Achille à travers son regard : celui d'un être cher qui soutient la personne qu'il aime malgré les implications de sa destinée.
La romance est parfaitement bien gérée, se développant petit à petit sans jamais tomber dans le niais ou la facilité. Le comportement des protagonistes est crédible, et l'on ne peut qu'être happé par cette relation pure qui les unit. Chaque épreuve vient nous prouver à quel point leur amour est profond, et le contexte dans lequel il évolue nous montre à chaque instant que le paradis est à deux doigts de se transformer en enfer.
En effet, The Song of Achille possède un décor mythologique. De ce fait, il s'agit d'un véritable plongeon dans un univers différent, puisque les dieux et déesses interviennent dans la vie des Hommes. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux, dont Achille, peuvent prétendre avoir un parent divin. Ce qui rend cet univers inévitablement cruel puisque chaque divinité a ses ambitions et un parti bien précis, n'hésitant pas à manipuler les êtres humains à son avantage, telles des marionnettes.

Si le roman fonctionne si bien, c'est grâce à ses personnages. Le duo de protagoniste brille bien entendu par leur relation, Patroclus et Achille possédant chacun une personnalité différente qui se complète avec l'autre, mais ils ne sont pas les seuls personnages rendant l'histoire si prenante. Nous retrouvons plusieurs figures célèbres comme Ulysse, Chiron, Agamemnon, et bien d'autres encore. Tous agissent selon un rôle bien défini, mais toujours vraisemblable par rapport à l'histoire. Ainsi, que l'on aime ou déteste un personnage, on ne peut que saluer sa mise en scène sachant toucher ou frapper là où il faut.
De plus, il est important de noter que même si l'on connaît le mythe d'Achille ou L'Iliade, la narration est telle que l'on demeure captivé par les événements. Les personnages savent faire vivre le récit, si bien que c'est avec émotion et impatience que l'on tourne les pages du livre, pressé de savoir si le fil du destin demeure inchangé.

Finalement, The Song of Achille est un roman à mettre dans les mains de quiconque voudrait découvrir ou redécouvrir cette partie de la mythologie grecque. Abordant les choses sous un angle tendre malgré la violence du contexte, c'est bouleversé que l'on ressort de cette lecture. 
North and South by Elizabeth Gaskell

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2.0

North and South nous raconte l'histoire de la famille Hale, et plus particulièrement de la fille, Margaret. Son père décide de quitter sa paroisse et son métier de pasteur suite à ses doutes envers l'Église, obligeant la famille à déménager. Les Hale abandonnent donc le sud de l'Angleterre pour s'installer dans une ville industrielle du nord, Milton-Northern, où Mr Hale devient professeur privé.
Malgré ce nouveau mode de vie difficile, Margaret se lie d'amitié avec un ouvrier, Nicholas Higgins, et découvre la dureté du travail dans les manufacture de coton de la ville. Parallèle à cela, Mr Hale a pris comme élève Mr Thornton, patron d'une de ces manufactures de coton. Très vite, Margaret et lui peinent à s'entendre tant leurs avis divergent, chacun ayant leur orgueil et des préjugés envers l'autre.

Ce livre est souvent comparé à Pride and Prejudice de Jane Austen, et à juste titre, puisque nous y retrouvons une structure similaire concernant la romance. Nous avons deux protagonistes (Margaret Hale et John Thornton), chacun venant d'un monde différent (le sud aristocratique et le nord industriel), prenant chacun à cœur de défendre ses opinions et nourrissant des préconceptions. Au fil des pages, la mésentente fait place à la compréhension, jusqu'à ce que les deux personnages se respectent et s'avouent leur amour. Malheureusement, la recette est ici moins engageante que dans le roman de Jane Austen.
En effet, Margaret Hale est loin d'être aussi intéressante qu'Elizabeth Bennet. Elle fait preuve de beaucoup de dédain, même dans ses actions charitables, et malgré cela, le texte semble insister sur l'idée que tous les autres personnages la trouve charmante. Margaret est présentée comme une sainte aux yeux de tout le monde, sa seule faute étant le mensonge qu'elle profère afin de protéger un être cher. Quant à John Thornton, on peut concéder qu'il soit plus intéressant puisqu'il apporte l'aspect social du livre.

À noter que Margaret n'est pas unique dans son cas. Sa mère est d'un caractère peu appréciable, et son père est un être faible dont la volonté plonge pourtant la famille dans le désarroi. Sa tante et sa cousine sont difficilement supportables, et seuls Mr Lennox et Mr Bell semblent des proches avec suffisamment de sympathie et de bon sens. Du côté de Mr Thornton, sa mère semble être une reprise de Lady Catherine, et sa sœur ne paraît être là que pour créer un contraste avec Margaret. Cependant, tous ces personnages, malgré leurs défauts, pourraient fonctionner si la satire sociale était mieux réalisée.
Ce qui mène à la volonté de discours social du roman. Il tente de nous interpeller sur la condition de travail des ouvriers, notamment avec la fille de Higgins malade à force de respirer les particules du coton, ou encore de dénoncer les patrons cherchant à posséder une main d’œuvre peu chère, ce qu'on voit avec la venue des Irlandais pendant la grève. Cependant, malgré toutes les bonnes intentions, le résultat n'est pas aussi saisissant qu'il le voudrait. La grève et l'émeute décrites sont peu impressionnantes, et surtout, certains passages desservent la cause abordée.
Par exemple, John Boucher est un stéréotype du mauvais ouvrier, et il est mentionné que ses travers viennent certainement du fait qu'il possède du sang irlandais. On pourrait croire à une volonté d'accuser ces idées circulant à l'époque, mais il est difficile d'y croire lorsqu'il est dit également que les ouvriers irlandais n'ont pas réussi à produire la même qualité de travail que les autres.
Pourtant, les efforts étaient présents avec le personnage de Higgins faisant partie de l'Union, ses interactions avec Thornton laissant espérer une possibilité d'entente entre les besoins des ouvriers et ceux des patrons, mais l'exécution n'est pas à la hauteur des attentes.

Du point de vue de la romance, celle-ci traîne beaucoup trop en longueur. Les protagonistes passent trop de temps à penser à l'autre plutôt que de communiquer avec. Le problème est tel que pour les rapprocher, l'autrice finit par employer la péripétie radicale qu'est la mort d'un proche. Chose qui sera utilisée à de nombreuses reprises au point que cela en deviendra beaucoup trop factice.
Bien que nous ayons accès aux pensées des deux protagonistes, il est difficile de croire à leur attachement. Pourquoi John s'attache-t-il autant à Margaret ? Pourquoi, l'opinion de John devient-elle si importante pour Margaret ? Voilà des détails sur lesquels il aurait été bon de s'attarder. Malheureusement, l'intrigue s'enlise, et lorsque les personnages parviennent enfin à se parler et se comprendre, la fin arrive tel un couperet. Il en est à se demander s'il ne manque pas des pages pour expliquer ce dénouement si brusque.

Finalement, North and South est un livre qui avait beaucoup de potentiel à vouloir transposer une histoire telle que Pride and Prejudice dans un contexte d'industrialisation. Toutefois, l'exécution est maladroite et ne parvient pas à captiver autant qu'elle le voudrait, puisque la romance est laborieuse, et l'aspect social semble trop survolé et mal géré. 
Les Misérables by Victor Hugo

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5.0

Il s'agit du premier livre de Victor Hugo que je lis en entier. J'avais tenté il y a quelques années de lire Notre-Dame de Paris, mais les longues descriptions de la ville m'avaient fait abandonner ma lecture. Je ne regrette absolument pas d'avoir retenté l'expérience avec Les Misérables car ce fut une expérience intense. Mais entrons plutôt dans le cœur du sujet, et rappelons brièvement l'histoire, bien qu'elle soit plutôt célèbre.

Les Misérables met en scène Jean Valjean, un homme qui, pour avoir volé une miche de pain, est envoyé au bagne. En sortant de prison, ce n'est plus un homme, mais un animal farouche. Pourtant, sa rencontre avec un évêque, et particulièrement la bonté de cet être humain, vont le toucher jusqu'à le transformer.
Dans son chemin pour devenir meilleur, Jean Valjean croise Fantine, une mère célibataire qui est prête à tout pour le bien de son enfant, Cosette. Le destin de celle-ci sera étroitement lié à celui de l'ancien forçat. Néanmoins, malgré ses efforts pour faire effacer l'ardoise, le passé de Jean Valjean est toujours prêt à le rattraper.
Bien le récit se concentre beaucoup sur Jean Valjean, le roman a également pour but de dresser un portrait de la misère humaine et du chaos politique et social qui engloutissait le XIXe siècle.

Les Misérables est une œuvre qui prend son temps. L'exemple le plus frappant se trouve dans ce simple fait : il faut attendre le quinzième chapitre pour qu'apparaisse le personnage principal. Toutefois, elle parvient à être captivante grâce à ses personnages et leurs aventures.
En effet, il est impossible de rester de marbre face au panel de personnages qui nous est proposé. Jean Valjean est, par exemple, quelqu'un de fascinant. Possédant des capacités que l'on peut qualifier de surhumaines, il pourrait être à l'origine de l'archétype du super-héros. Ce qui magnifie sa bonté, c'est de connaître son passé et les efforts qu'il accomplit chaque jour pour ne pas sombrer dans la facilité de ses anciens travers.
À son opposé, nous trouvons Javert, cet officier de police qui traque éternellement cet ancien bagnard. Si Jean Valjean est un être complexe et représentant la dualité de l'humain à être capable du bon comme du mauvais, Javert est quelqu'un d'inflexible, ne permettant aucune concession. De plus, si Jean Valjean est prompt à des monologues intérieurs, Javert ne se questionne jamais. Ainsi, sa droiture est aveugle, si bien que sa loi devient douteuse moralement parlant.
Autour de Jean Valjean gravitent Fantine et sa fille Cosette. La mère étant l'illustration de la naïveté, de l'innocence, et des rêves brisés par ce monde impitoyable ; tandis que l'enfant est cette même innocence qui est sauvée de justesse des griffes de l'horreur. Deux êtres purs qui ont eu le malheur d'être sur la route de deux êtres infâmes.
Le couple Thénardier, bien que peu agréable, fait partie des éléments clefs du roman. Ces deux personnages sont la misère qui préfère sombrer dans le crime, et le crime qui se justifie par la misère. Ils sont de parfaits antagonistes, pourtant certaines de leurs actions sont nécessaires au bon déroulement de l'histoire, comme si la part la plus sombre de l'humain ne peut se détaches de la meilleure.
À ce défilé, nous pouvons également ajouter Éponine et Gavroche, deux enfants de la misère, mais ayant un bon fond. Bien que les deux n'aient pas les mêmes motivations, ils sont tout de même guidés par un même sentiment, l'amour, ce qui rend leur destin d'autant plus tragique.
Il ne faudrait pas oublier Marius, autre personnage rongé par un dilemme, à savoir respecter son grand-père qui l'a élevé, ou bien respecter la mémoire de son père, les deux ayant des idées politiques très différentes. Il est aussi cette jeunesse fougueuse, raillée par les anciens, mais désireuse de bien faire et d'améliorer le monde.
Enfin, puisque la question de la politique a été soulevée, le groupe des Amis de l'ABC a également son importance. Ils sont la voix du peuple, en particulier des pauvres qui se débattent dans cette société qui les accable. D'où ce nom créé à partir d'un jeu de mots, les lettres "ABC" ressemblant au terme "abaissé".
Tous ces personnages, et bien d'autres encore, habillent le roman de leur consistance, de leurs pensées, de leur conflits, de leur peine, de leur joie, de leur vie, ce qui confère à ce livre une réalité saisissante. C'est grâce à eux que le lecteur éprouve de nombreuses émotions et qu'il est si difficile de lâcher ce récit, car de leur réalité jaillit celle des gens de cette époque.

Les Misérables est bien entendu un roman social. Cela se ressent dans les péripéties mettant en lumière les conditions des personnages, mais beaucoup chapitres sont là pour permettre à l'auteur de donner son avis sur différentes questions.
En effet, Les Misérables est sujet à de nombreuses digressions, si bien qu'il n'est pas rare qu'un chapitre se glisse dans l'action pour nous exposer un essai sur un sujet en lien avec ce qu'il se passe. On peut noter par exemple le passage sur la prostitution, ou encore ce moment sur les insurgés abandonnés par le peuple. Toutefois, d'autres digressions prennent plus de place. C'est le cas pour les origines de l'argot, ou des gamins de Paris, mais à l'instar des autres essais, il s'agit moins de traiter ces sujets précisément que de les lier aux conditions sociales du XIXe siècle.
En revanche, il faut reconnaître que certaines digressions s'avèrent assez lourdes. Il en ira des préférences de chacun, mais j'ai trouvé les chapitres sur Waterloo et la vie du couvent plutôt difficiles à lire, contrairement à celle sur les égouts. Le fait que ces encarts puissent couper l'action ne plaident pas non plus en leur faveur. Cependant, tout ceci fait partie de l'expérience, car Victor Hugo n'avait pas seulement pour but de raconter une histoire, il avait l'intention d'écrire le roman d'une vie. Les notes témoignant de la retranscription de ce qu'il a pu voir ou vivre le confirmant.

Finalement, Les Misérables est un roman qui mérite bien son statut de classique. Sa longueur permet de nous offrir un véritable monument ancré dans la vie du XIXe siècle, dans la misère de Paris. Il s'agit d'une histoire intense, ponctuée de réflexions de l'auteur sur son époque, et malgré ses défauts, le roman nous entraîne dans son tourbillon dont l'on ressort ému et touché par cette expérience. 
La Faute de L'Abbé Mouret by Émile Zola

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3.0

La Faute de l'abbé Mouret est le cinquième roman de la série des Rougon-Macquart. Il fait suite à La Conquête de Plassans, dans lequel nous faisions déjà un peu la connaissance de Serge Mouret, devenu ici un des deux protagonistes du livre. Serge a bien continué sa vocation de prêtre puisqu'il est à présent curé dans le village des Artaud où la pauvreté règne. Là-bas, Serge espère y trouver le calme auquel il aspire afin d'être toujours en plein recueillement.
Malheureusement, le repos n'est pas toujours au rendez-vous. Au presbytère se trouvent également sa sœur Désirée, adoptant toujours plus d'animaux, ainsi que la servante surnommé la Teuse, le rudoyant toujours sur ses habitudes de solitaire. À elles peuvent s'ajouter également Frère Archangias qui n'hésite pas à passer pour donner son avis sur la façon dont Serge devrait maintenir le village pour qu'il ne tombe pas davantage dans le péché.
Toutefois, un endroit se démarque : le Paradou. Domaine datant de Louis XV, il renferme un véritable jardin d’Éden. Dans cet endroit paradisiaque vit la jeune Albine dont les charmes ne laissent pas Serge indifférent.

La Faute de l'abbé Mouret est certainement le tome le plus symboliste de la saga. Émile Zola nous avait déjà offert un roman critiquant la religion avec le volet précédent, cependant, après la descente aux enfers, il nous présente ici une Genèse naturaliste. Ce n'est pas un hasard si le nom de Paradou est si proche du mot Paradis. Le lieu est effectivement une nouvelle version du jardin d'Éden où se trouvent de multiples espèces de plantes et fleurs, où les arbres fruitiers donnent des fruits en abondance. De plus, à l'instar de l'histoire biblique, la version de Zola contient le péché, la fameuse faute du titre, ce qui finit par forger le cœur du roman.

Il est bon de noter que La Faute de l'abbé Mouret est construit sur de nombreuses dualités tout au long de son histoire, chacune se nourrissant de l'autre afin de former un tableau final.
La première dualité se trouve entre Serge et Désirée. Le récit insiste beaucoup sur le fait que Désirée déborde de vie, que ce soit dans son apparence ou dans son attitude, contrairement à son frère qui mange peu et dont l'esprit semble toujours distant. Par ailleurs, Désirée vit continuellement au sein de ses animaux, n'hésitant pas à se salir. Un comportement qui ne convient pas à Serge qui ne semble se ravir que de pureté et se trouve perturbé par l'odeur du fumier.
Une autre dualité se trouve entre Serge et Frère Archangias. Si le premier est de nature plutôt douce, le deuxième est un être odieux qui aime bousculer les gens qui sortent des cases qu'il a établi. Petit à petit, un rapport de force s'installe au point que Frère Archangias se pose comme gardien de Serge, comme son nom l'indique, devenant les chaînes de la religion et le bâton prêt à sanctionner la faute.
Une dualité évidente se situe entre le Paradou et l'église. Le premier est un jardin débordant de vie, offrant de quoi se nourrir, tandis que l'église est un bâtiment froid en ruine. Si l'un est un lieu de naissance et de renaissance, l'autre est un tombeau.
Il y a aussi la dualité entre Serge et Albine, puisque l'un est homme et l'autre est femme. Leur relation nous montre sans cesse les différences dans leur approche des choses, une disparité qui les complète, mais qui les sépare également.
On peut également voir une dualité dans les figures catholiques. La Vierge Marie est opposée à Jésus, la mère étant vue comme une femme pouvant jouer le rôle de tentatrice, tandis que Jésus est un représentant de la virilité.
D'autres éléments s'affrontent et se répondent de cette manière, mais globalement, toutes ces dualités s'entremêlent pour qu'un seul balancement ne ressorte : celui de la vie et la mort. C'est d'ailleurs par lui que se clôt le roman.

Néanmoins, la deuxième partie est peut-être le point noir de l'histoire tout en étant son pivot. Si elle est le pilier de la métaphore biblique, elle n'en demeure pas moins lourde dans ses descriptions botaniques. Chaque plante, chaque fleur, se voit exposée dans les moindres détails au lecteur. Si l'on peut être curieux de chercher les éléments manquants à notre connaissance, la surabondance devient vite un calvaire que l'on espère dépasser rapidement.

Finalement, La Faute de l'abbé Mouret est une façon pour Zola de prouver que la religion fait plus de mal que de bien. C'est par le biais du docteur Pascal, qui partage de nombreux points communs avec son créateur, que sa pensée sera parfaitement résumée :

Oui, des brutes, il ne faudrait que des brutes. On serait beau, on serait gai, on serait fort. Ah ! c’est le rêve !… Ça a bien tourné pour la fille, qui est aussi heureuse que sa vache. Ça a mal tourné pour le garçon, qui agonise dans sa soutane. Un peu plus de sang, un peu plus de nerfs, va te promener ! On manque sa vie… De vrais Rougon et de vrais Macquart, ces enfants-là ! La queue de la bande, la dégénérescence finale.
 
Sense and Sensibility by Jane Austen

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2.0

Sense and Sensibility est le premier roman paru de Jane Austen, bien qu'il fût d'abord publié de façon anonyme avant de lui être attribué.
L'autrice nous y conte l'histoire de deux sœurs, Elinor et Marianne Dashwood, la première étant plus âgée et agissant selon sa raison ainsi que les convenances sociales, tandis que la deuxième est guidée par ses sentiments et n'hésite pas à les montrer au monde entier. Le récit met en parallèle leurs différentes réactions face à un même événement, c'est-à-dire éprouver de l'amour et subir des difficultés par rapport à cela.
Bien entendu, le livre est également le terreau pour un discours sur les classes sociales, la place de l'argent dans un mariage, ainsi que divers commentaires sur la société de l'époque.

Mon expérience de lecture de Sense and Sensibility est plutôt similaire à celle d' Emma . L'idée de départ est intéressante, mais l'exécution rend le livre assez indigeste.

En effet, opposer les deux sœurs sur un même problème est fascinant, puisque leur mode de pensée nous permet de voir que chaque extrême n'est pas une solution. Elinor, respectant la mentalité de son époque, préférera intérioriser sa peine et ainsi cacher sa peine, pensant que seul son bien-être passe après le bien commun. Marianne, ayant le cœur sur le main, extériorisera sa peine au point de s'en rendre malade. Dans un cas comme dans l'autre, la réaction engendre plus de mal que voulu. En n'exprimant pas suffisamment ses désirs, Elinor se laisse écraser par sa rivale et devient régulièrement la victime de blagues à son encontre. En exprimant beaucoup trop ses désirs, Marianne se laisser gagner par le désespoir et devient victime de ses propres convictions.
Cependant, cette opposition n'en devient pas un obstacle entre elles pour autant. Même si chaque sœur ne parvient pas à saisir la façon de penser de l'autre, elles essayent malgré tout de s'aider, de compatir, de se comprendre, nous offrant ainsi un beau lien sororal.

Malheureusement, ce sont peut-être là toutes les qualités de ce roman. Ce dernier souffre particulièrement de nombreuses longueurs.
Sense and Sensibility est divisé en cinquante chapitres. Cela ne paraît pas si gênant puisque Pride and Prejudice en possède une soixantaine, mais à la lecture, on ne peut que ressentir un souci de rythme. Les chapitres sont parfois extrêmement courts, parfois longs, et parfois le découpage semble s'effectuer à un mauvais endroit, puisqu'il interrompt une action ou une pensée qui aurait méritée d'être terminée au lieu d'être continuée dans le chapitre suivant. Par ailleurs, Jane Austen s'attarde sur des éléments qui pourraient être raccourcis sans que l'on ne perde l'information clef. Est-il, par exemple, si nécessaire de passer autant de temps à décrire la maladie de Marianne, alors que si peu de temps est accordé au développement de sa relation avec le colonel Brandon ?
Ce qui m'amène à un autre problème du récit. Si l'on regrette de voir la narration s'étendre sur certains événements, elle oublie toutefois de s’appesantir sur d'autres. Il est tout de même dommage de ne voir absolument aucune ligne de dialogue direct entre Marianne et Brandon alors que leur destin se rejoint. De même, Margaret, la sœur benjamine, semble totalement superflue tant son rôle est minimal, et il en va de même pour plusieurs personnages.

Quelque part, Sense and Sensibility possède les défauts d'un premier roman. Le style de Jane Austen est déjà présent, même s'il n'a pas le même raffinement ironique que l'on connaît. On peut noter, par exemple, la présence de nombreux mots écrits en italique ou majuscule, selon l'édition, afin d'insister sur le propos voulu. L'autrice n'était peut-être pas certaine que les lecteurs comprennent les intentions de ses personnages derrière leurs paroles, et un tel procédé, si utilisé avec parcimonie, permet effectivement de souligner quelque chose d'important. Néanmoins, lorsque le discours d'un personnage en est truffé, il en ressort une certaine lourdeur.
Par ailleurs, on peut remarquer la présence d'éléments qui seront réutilisés dans Pride and Prejudice. Les déboires d'Eliza que nous conte le colonel Brandon sont terriblement similaires avec l'histoire de Georgiana Darcy. De même, le couple Palmer a des points communs avec le couple Bennet dans le caractère de chaque parti, et Willoughby semble être tout simplement un prototype de Wickham. Cela pourrait s'expliquer par le fait que l'écriture des deux romans fut rapprochée, mais de cela en résulte une certaine redondance.

Finalement, Sense and Sensibility est un roman en demi-teinte. Il souffre des problèmes d'un premier livre que ce soit dans son style ou sa narration. Une impression regrettable puisque son concept était plutôt prometteur. 
House of Many Ways by Diana Wynne Jones

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3.0

House of Many Ways est un livre qui se déroule dans le même univers que Howl's Moving Castle et Castle in the Air, faisant suite à ce dernier. Nous y suivons Charmain Baker, une adolescente que l'on peut qualifier de véritable rat de bibliothèque. Elle est chargée de s'occuper de la maison de son grand-oncle William Norland, un magicien, le pauvre homme devant s'absenter en raison d'une maladie. Très vite, Charmain se retrouve débordée par la tâche qui lui revient, car sa mère l'a empêchée toute sa vie d'apprendre à se débrouiller et à gérer les choses du quotidien.
Elle est rejointe par Peter Regis, un jeune apprenti que William avait accepté d'accueillir. Si celui-ci est un peu plus instruit sur les bases de l'entretien d'une maison, il est en revanche déplorable lorsqu'il s'agit d'utiliser la magie. Si la coopération est difficile, elle n'est pas améliorée par les nombreuses surprises du domaine. Les deux adolescents parviennent donc à se mettre dans des situations délicates malgré eux. Parallèle à cela, Charmain est engagée par le roi pour mettre en ordre des papiers de sa bibliothèque. L'occasion de revoir des personnages des romans précédents.

Fidèle à elle-même, l'autrice continue de jouer avec les codes des contes de fées. Nous avons, par exemple : une jeune fille forcée de faire le ménage, la lessive, et la cuisine ; des kobolds, créatures aidant à la réalisation de travaux domestiques ; ou encore une référence au trésor des leprechauns caché au pied d'un arc-en-ciel ; mais une fois de plus, tous ces éléments prennent un tournant différent de ce que l'on pourrait attendre. Charmain est très paresseuse et remet toujours les corvées à plus tard, les kobolds font une révolte et refusent d'être exploités, quant au trésor, il cache une réalité bien plus sombre.
Toutefois, malgré cette envie de bouleverser ce genre, Diana Wynne Jones nous offre une ambiance enchanteresse. La maison de William Norland est terriblement fascinante : truffée de sortilèges permettant d'accéder facilement à de la nourriture prête ou non à déguster et possédant de multiples pièces accessibles selon la manière dont on passe une porte, il s'agit d'un chef-d’œuvre de l'espace-temps que l'on aimerait pouvoir découvrir soi-même.

Du côté des personnages, les amateurs des deux premiers volets seront ravis de revoir Sophie, Howl, Calcifer, et même Jamal ainsi que son chien, dont la promesse d'engagement fut respectée. Bien entendu, les trois premiers ont un rôle assez important, et leurs interventions sont toujours aussi délectables.

Malheureusement, le point noir du récit se trouve dans le personnage de Charmain. L'adolescente ne sait absolument rien faire. Ne serait-ce que laver ou essuyer une assiette lui demande un effort considérable. Si elle rejette la faute sur sa mère qui ne lui a jamais laissé entreprendre quoi que ce soit, il est facile de voir que ce n'est qu'une part de la vérité. En effet, si Charmain exprime parfois l'envie de changer, il suffit d'observer son attitude constante pour comprendre qu'elle est également très paresseuse. Par ailleurs, il est étonnant en tant que lecteur de se dire qu'il s'agit d'un personnage qui lit beaucoup trop. Charmain a ce réflexe de plonger dans un livre lorsqu'elle n'a pas envie d'effectuer une tâche ou bien en temps de crise, ce qui donne lieu à des situations improbables où elle se met à lire alors qu'elle devrait se mettre à la recherche d'autres personnages disparus ou en danger.
Il est ainsi plus facile d'apprécier Peter qui a cette volonté d'effectuer le travail qui se trouve devant lui. Il a ce défaut de vouloir trop bien faire, ce qui peut empirer les choses, mais en le comparant à Charmain qui serait ravie de rester dans son ignorance si cela lui permet de ne pas bouger le petit doigt, c'est un défaut qui devient le bienvenu.
Tout cela s'intègre dans un des thèmes du roman, à savoir l'identité et la maturité. Charmain et Peter sont deux adolescents qui cherchent leur voie, et c'est en acceptant les responsabilités que leur avenir se dévoile. Accepter de renoncer à un petit plaisir pour agir, reconnaître ses erreurs, ne pas se décourager si le premier essai est infructueux, sont des étapes par lesquelles on passe inévitablement et qui nous font grandir. Si le message est important, il est regrettable de le voir exécuté en rendant Charmain si irritante. Heureusement, une bonne dose d'humour permet de contrebalancer ça.

Finalement, House of Many Ways est une très bonne suite. Il possède ses problèmes, mais le reste est suffisamment engageant pour que la lecture demeure agréable. Il est dommage qu'il s'agisse du dernier livre concernant cet univers, car la promenade dans ces contrées merveilleuses fut un vrai délice. 
Castle in the Air by Diana Wynne Jones

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4.0

Castle in the Air est la suite de Howl's Moving Castle. Nous y suivons Abdullah, un jeune homme qui possède un petit étal où il vend des tapis. Sa vie est plutôt ennuyeuse, jusqu'au jour où un inconnu lui vend un tapis magique. La nuit de son acquisition, le tapis transporte Abdullah dans un magnifique jardin. Là-bas, il fait la rencontre de Flower-in-the-Night, une ravissante jeune fille qui n'est jamais sortie de sa demeure.
Abdullah tombe rapidement amoureux d'elle et ses sentiments semblent être réciproques, mais alors que les deux tourtereaux comptent s'enfuir ensemble, un djinn enlève Flower-in-the-Night. C'est le début des problèmes pour Abdullah, car bien qu'il soit déterminé à retrouver la jeune fille, le monde ne lui rend pas la tâche facile.

Une bonne partie du roman se déroule dans un pays au sud d'Ingary, ce qui permet à l'autrice de jouer avec les codes d'un autre type de contes.
En effet, à peine plongé dans le livre, on comprend aisément qu'il s'agira cette fois de ressembler aux Mille et une Nuits. On pourrait d'ailleurs rapprocher cette histoire de celle d'Aladin. Abdullah vient d'un milieu plutôt modeste, ce qui l'incite à rêver d'une autre destinée, s'imaginant être un prince qui aurait été recueilli par un marchand suite à un enlèvement. À sa rencontre avec Flower-in-the-Night, croyant à un rêve, Abdullah annonce être ce fameux prince inventé. Si on ajoute à cela un tapis volant et un génie dans une bouteille, nous avons là beaucoup d'ingrédients communs avec le célèbre conte.
Cependant, tout comme dans le volet précédent, l'histoire ne suit pas ce que l'on attendrait d'un tel récit. Par exemple, la commande permettant d'activer le tapis magique est assez peu gracieuse, et celui-ci sera plus enclin à obéir s'il a été flatté au moment de l'instruction. De même, le génie n'accepte de réaliser qu'un seul vœu par jour, et l'exécution cache souvent une mauvaise surprise apportant davantage de soucis que de soulagement.

Tout cela contribue bien entendu à l'humour du livre, ce dernier en étant rempli à chaque chapitre.
Les objets magiques faisant des difficultés, Abdullah se retrouve régulièrement dans des situations délicates, ce qui nous offre des péripéties très divertissantes à lire. Le style d'écriture et surtout la manière de parler du protagoniste jouent également beaucoup sur l'effet comique. La culture d'Abdullah l'empêche d'être véritablement grossier. Ainsi, le jeune homme use souvent d'ironie dans les formulations fleuries propre à la politesse, ce qui donne des échanges parfaitement délectables :

“It is possible that my low and squalid establishment might provide that which you seek, O pearl of wanderers,” he said, and cast his eye critically over the stranger’s dirty desert robe, the corroded stud in the side of the man’s nose, and his tattered headcloth as he said it.
“It is worse than squalid, mighty seller of floor coverings,” the stranger agreed.

De manière générale, les personnages sont intéressants à suivre. Abdullah, bien qu'il soit malmené par le destin, est quelqu'un qui fait preuve de détermination. Flower-in-the-Night, malgré son côté naïf au début du roman, se démarque par son intelligence et à sa capacité d'apprentissage. Le soldat de Strangia accompagnant Abdullah est une personne malicieuse, mais dont la débrouillardise est un atout. D'autres personnages, particulièrement féminins, brillent par leur indépendance et leur esprit. À noter que des têtes connues du premier opus font leur apparition, et que le mélange se fait suffisamment habilement pour que le récit demeure fluide.

Côté similarités, après le genre et les personnages, on peut remarquer qu'une fois de plus, le thème de l'identité conserve une place importante. En revanche, le cœur même du message se tient plutôt dans la réflexion de nos actions, ces dernières pouvant avoir de lourdes conséquences. Il s'agit donc d'assumer ses responsabilités selon les circonstances, et de faire preuve de compassion en se mettant à la place de quelqu'un d'autre.

Le bémol de ce livre serait peut-être la présence d'idées dépassées de nos jours. Compte tenu de la force des personnages féminins, il est dommage d'en voir réduites à leur physique sous le regard d'Abdullah. Prompt à dénigrer la corpulence des nièces de la première femme de son père, ainsi que le caractère d'un autre personnage, il est pourtant clément lorsque Flower-in-the-Night prouve qu'elle peut être tenace à son tour.
On pourrait donc ranger cela sous le fait que la narration se fait du point de vue d'Abdullah, et que celui-ci a une pensée en accord avec son pays où il est normal pour un homme d'avoir plusieurs épouses, mais qu'une femme se doit d'être monogame. Cependant, cela ne se limite pas au protagoniste, puisqu'un personnage féminin élevé selon d'autres coutumes considère que l'intérêt d'un homme envers une femme se présente dans sa volonté d'essayer de l'embrasser, sans qu'il soit question de consentement. Néanmoins, ces éléments s'avèrent suffisamment rares pour qu'ils ne gâchent pas la lecture.

Finalement, Castle in the Air est une excellente suite, restant dans la même veine que son prédécesseur. La parodie de conte est toujours présente, les personnages savent toujours nous captiver avec leurs aventures, et l'humour nous fait passer un très bon moment que l'on soit petit ou grand. 
Howl's Moving Castle by Diana Wynne Jones

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5.0

J'ai connu cette histoire à travers son adaptation par Hayao Miyazaki. Curieuse de découvrir le livre, je l'avais donc lu peu de temps après avoir vu le film d'animation. Pourtant je n'en avais aucun souvenir, ce qui m'a décidé de retenter l'expérience.

Howl's Moving Castle se déroule selon le point de vue de Sophie Hatter. Étant l'aînée de trois filles, Sophie est persuadée qu'elle n'a rien à attendre de la vie car elle est certaine de ne produire que des échecs. Si ses sœurs parviennent à trouver chacune une activité qui leur correspond, Sophie se résigne à travailler pour prendre la succession de la boutique familiale de chapeaux.
Une vie peu mouvementée jusqu'au jour où une puissante sorcière lui lance une malédiction, la transformant en vieille femme. Sophie décide donc de partir chercher sa fortune ailleurs, mais en apercevant le château de Howl, elle y voit une chance d'être libérée du sortilège malgré la noire réputation du magicien. Là-bas, elle se lie d’amitié avec Michael, assistant de Howl, et Calcifer, démon de feu lui demandant de rompre un contrat établi entre lui et son maître.

Howl's Moving Castle est un conte de fées qui renverse les codes de son genre et emprunte ceux du roman policier.

En effet, avec une amorce telle qu'une personne ayant reçu un sort changeant son apparence, on pourrait s'attendre à un récit du type La Belle et la Bête. D'autant plus que nous avons un personnage féminin entrant dans le château d'un personnage masculin, au sujet duquel il est murmuré partout qu'il est un monstre. Ce n'est pourtant pas le cas ici. Howl n'est ni un monstre, ni un prince charmant, juste un jeune homme capricieux et préférant éluder les questions et les personnes. Quant à Sophie, nous sommes loin de la princesse innocente et pleine de vertus. Possédant un caractère bien trempé, elle n'hésite pas à faire la loi autour d'elle, dissimulant ainsi un manque de confiance en elle.
De même, plutôt que de répondre à la simplicité d'un conte merveilleux, le livre est entouré de plusieurs mystères. Pour les résoudre, de nombreux indices sont parsemés au cours de l'histoire, mais il est aisé de passer devant sans les reconnaître. Ce n'est donc qu'à la lumière des derniers chapitres que toutes les pièces du puzzle s'emboîtent afin de nous présenter le tableau final. Certaines actions prennent un nouveau sens, d'autres événements paraissant anodins deviennent importants, ce qui donne un potentiel de relecture indéniable au roman.
Toutefois, l'enchaînement final est peut-être aussi le bémol de ce livre. Si les éléments se mettent enfin en place, le rythme s'accélère de façon un peu brutale ce qui amène une fin précipitée après tant d'errance. Mais peut-être est-ce là le pouvoir d'une relecture, si les indices sont repérés suffisamment tôt, cette impression de rapidité pourrait s'effacer.

Pour tout son décalage, Ingary est un monde fascinant. Cependant, les thèmes abordés dans le livre en font également sa force.

Howl's Moving Castle possède beaucoup de personnages dont l'apparence est modifiée. Sophie est atteinte par une malédiction, ses sœurs décident volontairement d'échanger leur apparence, Howl est quelqu'un de très à cheval sur son physique. Étant un roman jeunesse, il ne serait pas étonnant de voir une volonté de montrer que le corps humain est quelque chose de changeant, mais cela se rapproche aussi du sujet de l'identité.
Les sœurs de Sophie échangent leur apparence afin de pouvoir effectuer le métier qui leur plaît, mais la leçon est qu'il vaut mieux affirmer ce que l'on est et ce que l'on aime faire, plutôt que de passer pour quelqu'un d'autre.
Howl aime se teindre les cheveux, porter de riches costumes, ainsi que rester des heures dans sa salle de bain. Une attitude qui est vue comme vaniteuse par de nombreux personnages, et bien que cela fasse partie de son caractère, cela n'en demeure pas moins une recherche de soi et un moyen de s'évader pour oublier des choses plus essentielles.
Quant à Sophie, son dénigrement d'elle-même lui fait penser que sa malédiction reflète enfin son esprit. Une idée qui fait que, malgré les efforts d'autrui pour l'aider à s'en délivrer, le sortilège demeure puissant jusqu'à ce qu'elle s'accepte.
Howl's Moving Castle est donc un roman qui parle de maturité et d'identité, ce qui s'accompagne d'un autre thème tout aussi important.
À plusieurs reprises, les protagonistes semblent ne pas se comprendre ou bien émettent des jugements les uns sur les autres. Chacun ayant un caractère bien défini, ce manque de communication est la source de nombreux problèmes. Le dernier quart du récit soulève les malentendus, et prouve que la clef d'une bonne relation passe par le dialogue.

Finalement, Howl's Moving Castle est un livre avec lequel l'autrice nous glisse des messages importants pour la jeunesse, mais qui sont toujours bons de garder en tête lorsque l'on est adulte. De plus, en jouant avec le merveilleux, nos attentes sont souvent surprises. Alors si on ajoute à cela des personnages vivants et une dose d'humour, nous avons là un excellent divertissement. 
Incandescence by Greg Egan

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1.0

Ce livre n'est pas fait pour tout le monde.
Je parviens à reconnaître ses qualités : son univers, les mathématiques et la physique, la façon de montrer comment pensent les scientifiques et comment ils surmontent les embûches qu'ils rencontrent... Néanmoins, si je n'avais pas eu quelqu'un pour m'aider à comprendre tous les chapitres contenant les éléments et détails purement scientifiques, j'aurais abandonné ma lecture assez tôt.
Je pense qu'il faut avoir certaines connaissances de base pour réussir à apprécier ce roman pour ce qu'il est, ou du moins être suffisamment curieux et intéressé pour ne pas être submergé par les calculs, démonstrations, etc.
C'est pour cette raison que je ne peux mettre qu'une étoile à ce livre. Non pas parce qu'il est mauvais, mais parce que je ne suis pas son public.